Bilan Soundbather 2024 - Partie 1

Renouvellement des voeux

Qui dit nouvelle année dit bilans des membres de l'équipe Soundbather. Afin de débuter 2025 de la meilleure des manières, on vous propose un petit regard dans le rétroviseur afin de savoir quels disques ont séduit les oreilles de nos chroniques affutés. Pour cette première partie, vous aurez les avis de Drey Talquor, Asukero, Play To Die et Ecafils. En fin d'article, vous retrouverez une playlist Spotify qui recense les morceaux favoris de chaque personnes de l'article.

Drey Talquor

Collage_Guillaume

Oui, 2024 a été fabuleuse, aussi bien sur le plan des sorties que sur celui des concerts. Faire le débrief de ces 12 derniers mois en faisant une liste exhaustive de tout ce qui est passé dans mes oreilles serait difficile, mais essayons-nous à l'exercice !

Pour ma surprise de 2024, je me dois de parler de Death Metal. Genre que j’ai laissé de côté pendant longtemps, j’ai redécouvert le style cette année avec un très bon gratin : Gatecreeper, Ulcerate et bien d’autres m’ont provoqué des grimaces de plaisir à l’écoute de leurs riffs. Mais si je dois ne retenir qu’un album du genre, ce serait l'odyssée cosmique de Blood Incantation. Absolute Elsewhere est un disque hors du temps qui m'a captivé comme rarement avec ses passages psychédéliques empruntant à la musique ambient et au krautrock, un grand bravo à eux !

Autre genre qui est venu toquer à ma porte : l’électro bien funky. Celle-ci m’a attrapé pour m’emmener avec elle sur le dancefloor. Pour cela je retiendrais l’album de Justice sorti cette année. Hyperdrama aura fait mouche chez moi et les titres avec Tame Impala, RIMON ou Thundercat sont de réels bangers que j’ai adoré écouter et voir en live en fin d’année pour enfin cocher ce grand nom de la French Touch à ma liste. Gaspard et Xavier, merci pour les popotins bougés.

2024 fut aussi l’occasion pour moi de représenter notre petit webzine au sein de festivals ! Cet été je me suis trouvé en perfide Albion pour l’Arctangent où j’ai pu parler avec les belges de Doodseskader qui ont sorti, avec Year Two, mon top 2, œuvre mélangeant le hip-hop, le post hardcore et l’indus noise pour un résultat prenant, éprouvant mais captivant. Vous ai-je déjà dit que j’aimais le mélange des genres ?

Et sans aucune surprise, SLIFT a raflé dès les premières semaines de l’année sa place sur le podium. L’aventure spatiale que nous a proposé les Toulousains avec ILION est restée à sa place de grand vainqueur de 2024, quand bien même dans la scène stoner, des Monkey3, Slomosa, Lowrider avec Elephant Tree, REZN, ou des Delving ont titillé le sommet sans pour autant détrôner les rois. SLIFT peuvent devenir les prochains Gojira, j’en suis persuadé. Je me permets aussi de vous glisser le nom de Karkara, autre trio toulousain qui a aussi sorti un superbe album cette année, pour vous prouver que nous avons des pièces à placer sur la scène internationale.

Je pourrais continuer de vous parler de bien d’autres choses tant ce court bilan ne représente qu’une fraction de mes écoutes et je nous souhaite à toutes et à tous une année 2025 aussi fructueuse ! Puissiez-vous vous perdre dans la musique avec le même plaisir que je l’ai eu cette année !

Asukero

Collage_Thomas

Dire que 2024 était une année chargée est un doux euphémisme. Pour donner une idée, tous les artistes top 1 des mes bilans de 2019 à 2022 ont sorti un album. Autant dire que ce fut un casse-tête de retenir 5 albums…

Mais puisqu’il faut bien commencer quelque part, la cinquième place revient à mon n°1 de 2021, Dvne. Avec Voidkind, leur troisième album, le groupe a un nouveau statut à assumer et ils le font haut la main. L’album est dans la continuité de son prédécesseur, toujours aussi vertigineux, imposant et avec un sens de l’impact comme sur le finish de Cobalt Sun Necropolis.

Même si Gleemer a sorti un album en 2024 (trop tardivement hélas), je place un autre album de shoegaze dans mon top avec all under heaven et son premier album, What Lies Ahead of Me. Le groupe m’avait déjà fait bonne impression avec son EP Collider mais il passe ici la seconde avec un album de trente minutes, 100% shoegaze mélancolique avec de superbes mélodies qui restent en tête. La scène shoegaze US continue de nous inonder de ses talents.

Le reste de l’Amérique du Nord est aussi là puisque Yoo Doo Right, mon n°1 de 2022, a aussi récidivé cette année avec From the Heights of Our Pastureland. Les québecquois peaufinent leur post rock-experimental-krautrock-shoegaze-ajoutez-le-sous-genre-de-votre-choix d’éléments plus cinématographiques et un maniement du build-up rarement aussi maîtrisé, une claque dès la première écoute.

Le pire avec 2024 c’est que les albums qu’on attendait le plus n’ont pas déçu. J'étais obligé de mettre The Long Forever, le tant attendu split de Lowrider et Elephant Tree qui porte bien son nom et est ô combien jouissif à l’écoute. D’un côté, l’efficacité et la puissance du heavy stoner d’un Lowrider toujours au top de sa forme, de l’autre, Elephant Tree qui nous fait planer jusqu'à Neptune. Sur The Long Forever, rien n’est à jeter, de loin le meilleur split album qui me soit passé entre les oreilles.

Mon meilleur album est celui d’un groupe qui a déjà fait ses preuves mais qui a réussi à égaler ce que Yob a fait en 2014 avec Clearing The Path To Ascend : toucher un moment de grâce, atteindre une mélancolie si puissante et remplie d’émotions qu’il est impossible de rester indifférent. Avec Mind Burns Alive, Pallbearer élève son Doom Épique d’une beauté sans pareille. Le titre d’ouverture Where The Light Fades, à la fois sublime et déchirant, lui a fait gagner, à lui seul, sa place d’album de l’année.

Bonne année 2025 et si Pallbearer passe près de chez vous, n’hésitez pas !

Play To Die

Collage_Cédric

2024 a été une année bizarre. Elle a pourtant commencé de la plus belle des manières : en moins d’un mois, Yussef Dayes, Slift et The Fearless Flyers ont tous sorti un excellent album, chacun dans leur style. Malheureusement, la suite ne fut pas aussi chargée, et ce jusqu’à l’automne.

Avant la saison des feuilles mortes, Night Verses ont dévoilé la seconde face de leur diptyque Every Sound Has A Color In The Valley Of Night, repoussant encore les limites de leur metal progressif et expérimental. Le trio a encore une fois fait mouche, avec notamment le sublime Plague Dancer. Toujours aussi technique, le groupe nous a de nouveau plongés dans de superbes ambiances nocturnes. ERRA ont quant à eux proposé un Cure dans la continuité du metalcore / djent de leur album éponyme, bien qu’un peu moins enthousiasmant.

Au cœur de l’été, REZN ont encore prouvé qu’ils font partie des groupes les plus captivant, attrayant et novateur de la scène stoner avec Burden. Par contre, King Gizzard And The Lizard Wizard ont sorti Flight b741, un brin décevant mais dansant malgré tout. Pour se dédouaner, ils ont streamé tous leurs concerts aux USA, qui sont désormais disponibles sur Youtube, démarche que l’on salue.

Un fois septembre arrivé, tout s’est enchaîné, en particulier dans le stoner. Delving, Gnome, Slomosa, Lowrider / Elephant Tree et tant d’autres ont tous réjoui nos oreilles. Bien que peu passionnant, le nouveau VOLA a par contre accouché d'un des singles de l’année avec Cannibal, tout comme Magdalena Bay et son titre Image.

Pour conclure cette année, Voyage Futur s’est montré productif avec deux albums : Inverted Land et Unseen Portal. Bien qu’un peu en dessous de Wellen, l’ambient de l’artiste autrichien reste toujours incroyablement évocateur.

Malgré tous ces bons albums, 2024 a été une année un peu étrange, laissant une sensation en demi-teinte. S’il y a bien sûr eu plein de nouveaux titres à écouter en boucle, aucun disque ne m’a réellement émerveillé, à mon grand regret. J’y vois la traduction d’un contexte d’écoute compliqué tant cette année a été horrible pour beaucoup de raisons que je ne vais pas dénombrer.

On retiendra quand même la percée du metal extrême par le biais de deux performances qui auraient paru inconcevables il y a encore quelques années. Knocked Loose sont passés sur une grande chaîne américaine, tandis que Gojira a pu performer sur la plus grande scène qui soit pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.

Ecafils

Collage_Coco

Quel contraste par rapport à l’année dernière ! Après une année 2023 un peu pauvre musicalement, 2024 fut folle au niveau des sorties, peut-être même un peu trop. Comme en atteste le collage ci-dessus, j’ai été particulièrement gâté par les artistes que j’ai suivi le plus assidûment ces dernières années. Entre SLIFT qui a planté son vaisseau au sommet du top dès janvier, les Melted Bodies qui ont conclu leur trilogie, St. Vincent qui nous offre son meilleur disque et Slomosa qui transforme l’essai, en demander plus aurait été de la gourmandise.

Pourtant la générosité du calendrier est loin de s’être arrêtée là avec toute une tripotée d’outsiders qui, en temps normal, auraient tout à fait eu leur place dans un top 5 : Mohama Saz, Blood Incantation, Delving, Shellac, Gnome… Et ça, ce n'est que pour mes groupes de cœur car en visant plus large, Kendrick Lamar, Fu Manchu, Chelsea Wolfe, Whores.… nous ont aussi gratifiés d'œuvres d’excellente facture. L’année fut si chargée que des sorties comme celles de Justice, Zeal&Ardor et Cage The Elephant me sont complètement passées à côté.

C’est finalement l’abyssal Bongripper qui coiffe au poteau l’astral Les Big Byrd (encore eux). Bien qu’ils soient à l’origine du morceau de l’année (The Night Bus) le disque des Suédois ne m’a pas autant marqué que son prédécesseur contrairement au doom spéléologique des Américains dont je ne me suis toujours pas extirpé.

Vous m’excuserez donc pour ce bilan qui tient plus du name dropping sauvage mais on ne peut pas dire que 2024 ait été une année simple à synthétiser.