666MrDoom. WherePostRockDwells. NewRetrowave. hate5six. Si vous écumez l'univers musical de YouTube, vous avez peut-être déjà atterri sur une de ces chaînes. Spécialisées dans différents sous-genres musicaux, que ce soit stoner, hardcore, post-rock ou synthwave, elles partagent et promeuvent des artistes bien souvent underground et leurs permettent ainsi de trouver un public, un peu de financement, voire un début de succès critique. Les mélomanes cherchant des titres de groupes avec un peu de notoriété peuvent être amenés à tomber sur ces chaînes, les explorent et y trouvent souvent des pépites, nichées loin du regard du grand public. Ces pépites n'atteindront sûrement jamais le sommet des charts. Le constat est triste mais inévitable, c'est la nature même de l'art.
Mais s'il y a une chose que j'ai remarquée avec ces chaînes, c'est que les amateurs qui les parcourent trouvent quasiment tous un album de confort au milieu des centaines de références partagées. Et je ne pense pas que mes collègues du webzine me contrediront.
La théorie posée, passons donc au sujet de l'article. Il y a une chaîne que je n'ai pas mentionnée : Proved Records. S'orientant autour de la lo-fi, du jazz et du hip hop, toujours dans un versant chill, elle m'a permis de découvrir plein de petits artistes soyeux. Entre autres, Alfa Mist, Phoniks, Robohands et l'artiste à qui est dédiée cette chronique : Gas Lab. Le musicien et producteur est basé à Belén De Escobar, dans la ceinture extérieure de la métropole de Buenos Aires. Ses compositions se retrouvent au milieu des thématiques de Proved Records : ses albums tendent vers un style lo-fi, avec des instrus jazz, de temps en temps des beats typés hip-hop old school et une ambiance toujours chill et propre à la détente. Cela s’apparentera parfois aux sonorités de Vanilla, mais l'approche de l'Argentin semble bien différente de celle de l'Anglais.
Le multi-instrumentiste Sud-Américain, en plus de samples, utilise ses claviers, sa basse et autres instruments pour composer des boucles douces à souhait pour apaiser nos oreilles. Que ce soit sur Jazz Cats ou Vision, il pose savamment des cuivres ou des instruments à vent sur les morceaux le méritant. Il fait remonter une nostalgie qui, bien que nous étant étrangère, se trouve être rassurante. Ici, pas de guitare : en plus des claviers et des cuivres, c’est la basse qui est mise en lumière de temps à autre pour nous offrir de cotonneux licks.
Maintenant, imaginez-vous dans votre logement un soir d'hiver, à l'abri des basses températures, enroulé dans un plaid de velours et profitant de votre boisson chaude préférée (ici c'est le chocolat chaud). Songez à quel point la reverb des claviers peut s'apparenter à la chaleur du breuvage se diffusant dans votre corps, vous isolant un peu plus longtemps du froid. Pensez au beat hip-hop qui rythme votre fin de journée chez vous, loin du reste des affaires du monde. Aux mélodies des instruments à vent ou des cuivres, apportant un peu de lumière après un jour où le soleil est parti trop tôt. Contrairement à plusieurs autres artistes du même univers, aucune mélancolie ne se dégage des titres, ce qui est sûrement une des raisons pour lesquelles ils m'ont autant marqué. Ne dépassant que très rarement les trois minutes, ses compositions inspirent un calme paradoxal, nous enveloppant dans une bulle réconfortante. Une atmosphère qui siérait particulièrement bien à la "lofi girl"
Le curseur entre les différents styles dont le musicien s'inspire peut varier entre les titres et albums, mais le jazz prédomine : il n'y a qu'à voir les hommages dans ses titres d'album (Blue Room, Jazz Cats) ou la pochette de Blue train de John Coltrane insérée dans celle de Vision. On pourrait résumer son style ainsi : du jazz avec une esthétique sonore lo-fi / hip-hop.
L'adjectif d'easy listening colle plutôt bien à l'artiste, ses compositions tournant toujours autour d'une boucle par-dessus laquelle un instrument viendra poser l'accroche mélodique. Ses œuvres sont aisément digestes, la majorité des albums de l'Argentin durant environ 30 minutes. On peut ainsi les voir comme une pause au milieu de la journée. Dans un café ou un bar à chats par exemple ?
Au-delà des morceaux, il faut mentionner les pochettes des disques. Que ce soit Ivan Merlin (Blue Room, Vision) ou N.O.N.E.xistent (Jazz Cats, Clouds Juice), elles valent pour la plupart le détour, avec un minimalisme seyant.
Si la discographie de Gas Lab est assez homogène, elle n’est pour autant jamais lassante, la musique nous plaçant dans un cocon dont on ne veut pas quitter l’étreinte. C'est pourquoi il n'y a pas vraiment de porte d'entrée préférable : chaque album est le bon pour découvrir la musique de l'homme, même si j'ai une petite préférence pour Jazz Cats.
Alors la prochaine fois que l'ambiance s'y prêtera, glissez-vous dans un siège ou canapé, prenez le breuvage de confort de votre préférence et lancez donc un album de Gas Lab de votre choix. Vous ne pouvez pas vous tromper.