Le Canada regorge de pépites et pas seulement de celles qui ont causé l'acharnement des arpenteurs du Klondike lors la ruée vers l'or. En ce qui nous concerne, il s'agit d'un autre genre de pépite : celles qui peuvent dévoiler de nouvelles richesses même après leur découverte. Aujourd'hui, il est question d'une d'entre elles, toute particulière : le Devin Townsend Project.
Nous allons aborder une entité aux ramifications stylistiques très variées. L'exercice de trouver l'exacte place du parking des genres que Devin a choisi d'occuper avec ce projet serait bien futile. Il est, cependant, assez correct de les placer dans le cadre de la scène metal progressif. Pendant près d'une décennie, la formation avec laquelle Devin Townsend s'est produit en live a été une tête d'affiche appréciée de nombreux festivals spécialisés, tout en occupant une bonne place sur des affiches comme le Hellfest, les Metaldays, ou le massif Wacken. L'artiste ayant donné son nom au groupe était alors connu depuis de nombreuses années par les amateurs de prog.
Ce succès et cette longévité étaient, malgré tout, assez inattendus pour une formation prévue au départ comme l’outil de promotion d'un certain corpus de morceaux. Devin s'était semble-t-il trouvé un groupe avec qui créer de façon agréable tout en ayant renoué une relation avec son public. Cependant, les idées qu'il voulait explorer avec ce groupe arrivant à leur date de péremption, le projet s'arrêta à l'automne 2018 laissant du temps à son principal instigateur, qu'il mit à profit pour continuer sa trajectoire solo.
C'est ainsi que vint Empath en 2019, premier album en solo depuis Ziltoid: The Omniscient (exception faite de Casualties of Cool). Une galette dont lui seul a la recette : velue, dense et explosive. Cependant elle explore en majorité la carte déjà parcourue par Devin. Elle n'est pas encore l'incarnation d’une direction nouvelle pour sa carrière.
Ensuite The Puzzle (2021) et Lightwork (2022) entament une partie d'un nouveau chapitre. C'est le moment propice pour revenir sur comment le dernier, que l'on abrègera maintenant par DTP, s'est ouvert.
Pourquoi ce "project" ?
Depuis le début de sa carrière, l'aspect essentiel de la musique de Devin Townsend est son processus créatif. Pour saisir ce qui se trame dans chacune des nombreuses sorties, il est impératif de noter qu'à chaque fois elles possèdent une double visée : parler du monde de Devin "l’être humain" mais également comment il influence Devin en tant que musicien. Sur ces deux aspects, le monsieur se cherche d'album en album depuis près de 25 ans. Son œuvre est, en quelque sorte, un registre de son cheminement personnel fait en pleine conscience. C'est une tentative d'exploration de recoins où il se projette. De fait, les albums les plus significatifs sont souvent accompagnateurs de renouvellements personnels et artistiques profonds. On peut appeler ça des brisures : on va pouvoir en distinguer 3 pour lui. La période suivant sa collaboration avec Steve Vai (1994~1995), la fin de Strapping Young Lad, ou SYL (2006), puis la dernière en date ; l'arrêt du DTP. La première qui va nous intéresser est celle qui se situe après l'arrêt de Strapping. Cependant, si jamais certains d'entre vous ne sont pas familier avec ce nom il est nécessaire de faire une piqûre de rappel.
SYL
Strapping Young Lad était un groupe de metal indus mené par Devin Townsend bien avant de fonder le DTP. Largement considéré comme influent dans la musique metal extreme, SYL était son aventure créative la plus connue à l'époque. En 2006 lorsque le groupe s'arrête c'est donc une partie massive de sa vie qu'il laisse soudainement derrière lui. Ce n'est d'ailleurs pas celle dont il gardera nécessairement le meilleur souvenir. SYL, c'était un monstre. Une bête nourrie par les sentiments refoulés de colère, d'émotivité rageuse et d'insécurité de son chanteur. Un animal puissant qui a longtemps été nourri par les mauvais penchants de Devin. Cette sauvagerie ravagée qu'il a incarné de façon pure pendant les années d'activité du groupe a occasionné une pléthore de faux-pas (et pas qu'esthétiques : voir photo du fabuleux ''skullet'') : des excès, des mensonges, de la toxicité inutile, une gestion hasardeuse d'un traitement médical de sa bipolarité ainsi que des fréquentations pas toujours recommandables pour ne citer que les principaux. S'il a pu grâce à son humour et une personnalité atypique assumer cette image et se l'approprier, cette période n'est pas sans avoir fait des dégats.
Ces dégâts sont donc à l'origine d'une des "brisures" dans sa carrière dont nous avons parlé plus tôt. Tous les éléments déjàs mentionnés montrent que beaucoup de choses n'allaient pas, mais il y eu un élément déclencheur de cette brisure. Il s'agit principalement de la naissance de son fils. L'arrivée de ce bébé provoque une prise de conscience. Il révèle même au grand jour le besoin urgent d'une nouvelle approche dans sa façon d’être. C'est un changement assez radical qui se produit. Il décide de quitter la drogue, de se séparer de nombreuses fréquentations et d'arrêter SYL. Dans ce bouleversement, il se promet même d'en avoir terminé avec la musique pour de bon, il veut sortir une dernière œuvre et puis rideau. Ce fut durant cette période transitoire que vit le jour Ziltoid: the Omniscient. Un album de metal prog science-fiction complètement barré qui est empreint d'une grande part d'introspection. Une œuvre charnière, dans laquelle il expose en filigrane un bilan de sa période avec SYL, et une désillusion vis à vis de ses attentes à propos de la paternité.
"Il suffira d'une étincelle..."
Pendant un temps Devin, grâce à sa notoriété, produit des groupes divers. Malgré ses promesses d'arrêt définitif le bougre a des idées musicales qui commencent à nouveau à germer (chose qui était assez prévisible connaissant le bonhomme...). Cette fermentation silencieuse ne demande qu'une petite étincelle pour s'enflammer, et redonner vie à la carrière de Devin. C'est une anecdote racontée ci-dessous qui va fournir cette étincelle. Après des négociations assez rapides engagées par un représentant travaillant pour Peavey du nom de Chris Kelly (fabricant de guitares principalement), l'obsédé de musique repart dans son propre studio pour poser les premières pierres d'une œuvre colossale.
"Durant cette époque, je produisais pour un groupe qui m'a demandé d'utiliser un ampli Peavey auquel je n'avais pas accès, du coup j'ai contacté la marque pour la louer. C'est à ce moment que leur représentant A&R, Chris Kelly, m'a contacté pour me proposer une collaboration. "Qu'est ce que tu dirais de faire une guitare et un ampli signature ?" demanda-t-il. "Sauf que je produis maintenant... je suis plus trop dans le coup," lui ais-je répondu. "Devin, la plupart de ces projets te font perdre ton temps. Tu dois composer. Viens dans le Mississippi et discutons de tes options." Ainsi, Chris Kelly m'a pratiquement convaincu à lui tout seul de remonter en selle."
Devin Townsend, dans Only Half There
Rapidement, il s'enferme dans un nouveau processus de composition. Il est sobre et doit dominer ses envies récréatives pour refaire face à ses errances passées. Le propos artistique prend vite une taille suffisante pour être séparé en plusieurs sorties. En fait, une fois que tout est écrit, c'est un corpus de quatre albums tous très différents qui est sur le point de naître. Une quadrilogie signée par Devin le père de famille, désormais complètement chauve mais à l'imagination toujours débridée. C'est comme j'espère vous en convaincre, un chef-d'œuvre ayant pris son temps pour voir le jour. Un propos dense. Chaque partie apporte plusieurs visions sur le changement, sur la quête de paix intérieure, sur l’affrontement entre une personne et dix années d'un passé bordélique. C'est ça, le "project". Cela étant dit, trêve d'introduction. Bienvenue dans la première partie de ce dossier. Je vous propose de revenir au point de départ : nous sommes en 2008, au beau milieu de la ville de Vancouver...
The Devin Townsend Project
Cette épopée commence de façon froide. Un hiver intérieur tombe sur Devin Townsend. Passé du tremplin vers la gloire qu'avait semblé être S.Y.L. à la solitude désormais totale de son studio, la spirale brumeuse de l'introspection se déploie vite autour du Canadien. Il s'occupe de son nouveau-né, le reste du temps il produit un peu, et la musique joue désormais un rôle secondaire pendant de nombreux mois. Cependant, après avoir épongé une partie de ces ressentis sur Ziltoid, où il s'était encore autorisé deux où trois spliffs et un peu de vin, pour son nouveau projet il se l'interdit. Il n’est plus question de s'enivrer par la consommation de drogues. Désormais, il faut créer sainement. C'est grâce à ces règles qu'un nouveau paradigme de création s'impose. Comme il le dit lui même, ce qu'il y a de plus important c'est le "process" (et je vous arrête tout de suite : ce n'est pas une référence aux 76ers de Philadelphie...). Il faut entrevoir les démons que ses anciennes habitudes toxiques ont développé avec les yeux bien ouverts. Le premier pas de cette démarche est Ki.
Through all the failling
I'm synchopating
At least it's off my chest
Ki : Disruptr - DTP
Il faut repeupler les ténèbres laissées sans lumière pendant deux années. Après de nombreuses sessions d'errance musicale durant la nuit, avec pour seule compagnie un chat noir silencieux ainsi que l'unique contrainte de préserver le sommeil précieux de son chérubin, les contours de Ki se dévoilent. Le nouveau Devin sort de sa chrysalide. Dans la pénombre, les premières effluves créatrices se libèrent.
Les éclats sobres et réverbérés dans le son de A Monday sont porteurs d’une chaleur ténue ; comme épurée. Le metal joue un rôle en retrait. Sa violence contraste avec les lueurs paisibles, quasi-crépusculaires qui émanent de tout l'album. Les couleurs automnales de cette "lumière" virent doucement vers des teintes nocturnes au fil de l’œuvre. Seulement, ce n'est pas une transition linéaire. Les sonorités distordues qui sont émaillées durant cette transition représentent des intrusions en son sein. Elles perforent le cocon paisible accompagnées de hurlements soudains et tranchants. Comme si lorsqu'on s'écarte trop du faible éclairage, les démons surgissent avec brutalité. Entre ces deux modes de fonctionnement, il émerge tout de même une sobre paix qui tient bon. Elle prend même des formes séduisantes. Hommages à des genres de blues et de folk qu'un jeune Devin adorait. On notera d'ailleurs la présence déjà envoûtante de Ché Aimée Dorval, dont l'intervention est comme un symbole des ténèbres encore calmes. Sa voix superbe donne la réplique à Devin sur Gato, Heaven Send et Trainfire. Évidemment, les graines de la future collaboration sur Casualties Of Cool sont déjà là mais c'est un autre sujet. En ayant enregistré avec Jean Savoie (basse), Duris Maxwell (batterie) et Dave Young (guitares), Devin ajoute au caractère exceptionnel de cette sortie. Seul Dave restera à ses côtés pour les albums suivants.
Ki est traversé par la spiritualité. Il parle d'un état d'esprit intrinsèque à la période qu'il représente à la fois pour son créateur et pour l'auditeur. C'est une empreinte claire laissée par l'esprit errant et nocturne de Devin, tourné vers le doute et l'introspection et ne sachant pas comment aborder cette nouvelle phase. Au final avec la transition, on saisit qu'il embrasse ce renouveau (Disruptr). Cette période de réinvention est marquée par une sorte de questionnement total. Un temps durant lequel il repense sa manière d’être. Les questions sur la religion (Heaven Send), sur son propre rôle en tant que créatif (Disruptr), sur l'âge et la parentalité (Lady Helen et Trainfire) commencent à taquiner son esprit. Il y a même déjà une forme de questionnement sur le fondement de tout son parcours. Il est encore à un stade où il n’y a pas de confrontation directe avec son passé difficile, juste une base. Ki témoigne d'un état de gestation.
Sur cet album, rien n’évolue vers l'extrême. La manière très claire dont sont arrangés les sons évoque l'innocence, les boursouflures de distorsion jouent un rôle d'opposition. Cette clarté est paisible. Cette sérénité ambiante est celle d'une imagination pour laquelle tout est encore un lointain possible. C’est une sorte de netteté reposante, un velours doux entourant un esprit qui redémarre après le repos. Chaque arpège et chaque riff sont investis par des émotions maussades et qui souvent agissent comme une étreinte chaleureuse pour l'âme plutôt que comme un avertissement des horreurs qui vont venir sur les œuvres suivantes. Tous les morceaux sont témoins d'une époque où tout restait à définir. Les zones d'ombres encore inexplorées laissent entrevoir les graines d'une créativité qui ne demande qu'à exploser.
Ki est aujourd'hui un écho magnifique d'un temps encore paisible et dont le souvenir feutré revient nourrir les instants contemplatifs de l'hiver, où l'esprit spirituel et fasciné de Devin s'est exprimé avec le plus de retenue. De plus il semble approprié que ce cocon possède une certaine aura juvénile, puisqu'il est aussi le berceau d'un projet qui va déverser une musique bien plus puissante et extrême à l'avenir. C'est néanmoins vers lui qu'on revient, inlassablement, déguster des espaces grisonnants et sourds qui frissonnent d'un potentiel encore à découvrir.
Addicted! arrive dans nos oreilles peu de temps après Ki. Il se résume le mieux par son point d'exclamation. Pour l'expliquer en une phrase, c'est comme un éclatant propulseur hyper-énergique fait de metal moitié pop, moitié techno. Nous sommes déjà aux antipodes de ce qui a précédé en termes de nuances. La retenue n'existe pratiquement plus ici. Le propos est désinhibé, même très excentrique. Il ne se déguste pas, il se consomme par intraveineuse. Il s'avale d'un seul bloc. Ici Devin explore une forme de musique simple et impactante qu'il affectionne particulièrement. “Addicted” c'est aussi un mot-clé dévoilant une partie du sens derrière la pilule sonore qui nous assaille les oreilles de samples électrisants accompagnés de riffs lourds et accrocheurs. D'ailleurs, utiliser les canons de la pop dont le principe est de déclencher une réaction cérébrale aussi proche que possible de la récompense addictive chez l'auditeur s'imposait comme une évidence. C'est un peu le fruit défendu auquel on goûte. C'est la substance dont on veut abuser, sur-abuser.
La teinte de blanc omniprésente sur la pochette n'est pas sans rappeler le blanc impeccable de celle de son album solo Infinity. La production de ce dernier dans les années 90 fut un passage durant lequel Devin a connu une de ses phases les plus difficiles, cela en particulier vis à vis de l'usage de drogues mais aussi de la toxicité délurée qui s'était emparée de lui. Il a doucement réalisé l'ampleur de ses torts. C'est pourquoi le lien d'Addicted! avec cette période, bien qu'indéniable, reste secondaire. Il n'est pas tellement là pour la représenter. L'excès est vu avec un angle assez général. Le disque renvoie à l'innocence qui peut y mener aussi. Il représente le fait d'aimer au-delà des limites, trop vite, trop fort. La musique se fait harmonieuse, lourde, elle se pare de cris délicieux d'un plaisir rageur. Elle demande qu'on monte le son. Elle exige qu'on donne aux douze couches de voix d'Anneke Van Griesbergen la portée cosmique qu'elles méritent. Écoutez Numbered! pour en avoir un exemple. Ces chansons sont des caprices de simplicité demandant l'attention de l'auditeur sans partage. Les mélodies resteront d’ailleurs accrochées à votre mémoire à la façon d'un jouet indécrochable des mains d'un môme.
Cet album se rattache donc à la thématique de la sobriété de plusieurs manières. C'est l'exubérance liée à l'extase brève que peuvent procurer les excès, comme par exemple ceux de l’époque d’Infinity. C'est un divertissement, une voie pour l’égarement. C'est une bulle hypertrophiée de rêve, un vol loin de la noirceur qui peut exister sur Ki. Car là où ce dernier se questionnait, ici on rêve tout simplement. Son cours est effréné. Il fait de temps en temps émerger des arpèges un peu singuliers au détour de certains riffs, ceux-ci menant vers des espèces de protubérances sonores. Des fragments plus chaotiques se sont mêlés à la structure simple et directe qu'on voulait nous transmettre. Ils viennent saccager l’élan sur le pont de Supercrush! , entacher le premier morceau Addicted!. L'album se veut sucré, mais des notes de folie apportent du sel et sont comme des taches venant salir la propreté apparente de ce tableau.
Seulement, c'est délibéré. L'album a beau vouloir présenter l'extase comme “propre”, Devin a en fait mis des touches plus "déconstruites" à l'intérieur de l'œuvre. Les joies de l'excès ont des conséquences souvent bien plus obscures que la lumière éclatante. Les passages, voire les morceaux entiers, où l'album reste conscient de lui-même lui donnent un ressenti global moins lisse que celui d'une bulle parfaite de plaisir. C'est un disque qui sait ce que les excès provoquent. Ils donnent des remords, montrent des failles qu'il est nécessaire de réparer. Ils laissent des séquelles qu'il faut comprendre plus tard.
Doucement, on réalise bien que cet épisode d'extase va être éphémère. Les mots de Devin sont le premier indice. Malgré ce que la musique peut receler de plus extrême, les mots du Canadien savent ajuster la vision à un cadre plus réaliste et toucher à quelque chose de réel. Des moments les plus simples et béats comme sur Ih-Ah!, jusqu'aux poignantes exclamations de Supercrush!, les mots sont des flèches auxquelles il donne autant d'énergie que possible. Dans les moments de chaos, on peut déceler des messages :
I want to be set free
On the bond again for you and for me
Without a haunted song we'd be all alone
So get up, get up, get up
Now deconstruct!
Deconstruct!
Addicted! : Awake! - DTP
L’énergie nécessaire est désormais emmagasinée pour affronter tous les questionnements. La vie passée s’étale comme un lac sombre et froid maculé d’étoiles. Seulement, possède-t-il un fond ? Existe-t-il un sens profondément enfoui derrière nos vies et une question pouvant le révéler ? Un dernier regard vers les cieux, ultime indice, ultime moment de simplicité pour un rêveur ayant trop rêvé devant affronter les tourments que ces divagations ont causées.
All the world's afraid... All the world's afraid
And we looked up to the stars last night
And I saw that maybe... there was nothing more?
And my thought turned!
Addicted! : Awake! - DTP
Ces touches plus déconstruites avec leurs signatures rythmiques plus surprenantes ne sont qu'un avant-goût. Elles donnent l'indice que ce qui va suivre s'annonce moins insouciant, plus torturé, sans retenue. Sur ces deux premiers albums nous n'avons eu que de brèves rencontres avec une musique plus tourmentée. Le décor est néanmoins posé. Les acteurs sont là, il ne reste plus qu'à lever le rideau sur la suite !
Mais ça, ce sera pour la deuxième partie de ce dossier...
- Genre : Metal Progressif
- Origine : Canada