Ghost In The Loop : "Je pense d'abord à des concepts et des images, ensuite j'écris de la musique en fonction de ça."

Au fil de mes pérégrinations sur les Internets afin de dénicher de nouveaux projets à explorer, je suis tombé sur celui de Ghost In The Loop. Dans son univers, nous pouvons découvrir des vidéos de l'artiste en pleine nature en train de jammer sur ses synthétiseurs, mais également quelques EPs et un album collaboratif qui a vu le jour courant de cette année 2022. L'occasion de m'entretenir avec Aurélien, l'homme derrière ce projet, afin de parler autour de sa genèse, des espaces liminaux, ses différents processus créatifs, son rapport au matériel musical et ses projets de jams en extérieur

Je trouve qu'Instagram est une super plate-forme pour la musique ambient, avec des artistes super créatifs, tant sur l'aspect audio que vidéo !

Soundbather : Salut Aurélien, tu es plus connu sous le nom de Ghost In The Loop, pour commencer, quel est ton parcours que ce soit en tant que musicien tout comme fan de musique ?

Aurélien : Je viens d'une famille qui n'est pas du tout axée musique, il n'y a pas d'autre musicien. J'ai commencé à 14 ans en apprenant la basse avec des amis du collège. On avait assisté à un concert au catéchisme, l'aumônerie nous avait envoyé voir un concert de rock chrétien. Nous on était plus metal donc ça nous a fait marrer, mais on s'est dit que c'était trop cool et marrant de faire de la musique sur scène. On s'est donc dit « Venez les gars, on monte un groupe ! ». On ne savait alors rien jouer à l'exception du batteur qui en pratiquait déjà un peu. Je suis venu à la musique comme ça, de façon spontanée avec les copains.
J'ai donc commencé la basse ainsi, et comme je me débrouillais plutôt bien, je suis allé au conservatoire, incité par mon professeur. J'ai très vite enchaîné sur la guitare, toujours en conservatoire. J'ai joué en groupe durant de très nombreuses années. Surtout axé rock et metal, puis arrivé au lycée, mon parcours s'est plus ouvert en jouant dans des projets pop et pop-rock.
Une fois sorti du lycée, j'ai rejoint un groupe appelé Altavilla (pop-rock alternatif). On a fait beaucoup de concerts dans la région et sorti deux albums. Et en parallèle j'ai joué dans un groupe de stoner nommé Without My Signature, avec qui j'ai fait beaucoup de concerts également et sorti plusieurs EP.

Ghost In the Loop 2.jpg Aurélien de Ghost In The Loop en pleine action. Photo par Hugo Preverand.

Je suis venu à la musique ambient et électronique via Altavilla. On avait le projet d'un troisième album plus électro, il fallait donc investir dans des machines. Ce que j'ai donc fait pour des synthés, des boîtes à rythme... Je me suis intéressé à la synthèse de cette manière. Et le confinement est arrivé et a mis un stand-by au projet.
De mon côté, j'ai donc commencé à bidouiller seul avec mes machines, à voir ce qui se faisait... Et c'est notamment sur Instagram que je suis tombé sur plein de comptes vraiment super cools. J'ai, via la plateforme, découvert des artistes vraiment tournés musique ambient, notamment avec des tape loops (ndlr : des boucles de cassettes afin de créer des boucles infinies de quelques secondes). J'ai trouvé vraiment génial d'utiliser ces cassettes comme ça, donc je me suis dit go ! J'ai investi dans de vieilles machines à bandes, et petit à petit, je me suis mis à étudier la musique EDM, électro et en parallèle la musique ambient. Voilà comment ça s'est fait !

S : D'accord ! Donc ton appétence pour la musique ambient est super récente en fait !

A : Ouais complètement !
Je me suis rendu compte que quand j'écoutais beaucoup de metal et rock, j'étais déjà énormément attiré par les compos calmes sans vraiment le conscientiser ou m’intéresser à la musique ambient.
Par exemple, je suis un grand fan de Gojira, j'ai toujours trouvé leurs morceaux atmosphériques exceptionnels, ça m'a toujours intrigué, inspiré et donné beaucoup de plaisir ce genre de morceaux dans les discographies metal, mais je ne m'étais pas plongé dans le domaine spécifiquement. La musique électronique a fait le lien dans tout ça.

S : Du coup, tes influences viennent beaucoup plus des réseaux sociaux que d'artistes ambient réellement identifiés ?

A : Ouais, au début je me suis construit sur les artistes d'Instagram. Il y a vraiment des pépites et des perles. Je me suis mis ensuite à découvrir petit à petit des artistes d'ambient. Les réseaux sociaux ont été une porte d'entrée : c'est pratique, tu as des petites vidéos d'une minute qui te permettent de vite identifier ce que tu préfères. Instagram a été mon entrée dans cette niche, et je m'y suis baladé. Une fois que j'ai bien compris ce qui se faisait, je suis allé vers des artistes plus calibrés on va dire.

S : C'est drôle car en parlant de ça, tu as anticipé une de mes questions ! Dans ce genre de projet, il y a une scène énorme sur les réseaux sociaux qui se concentre sur la vidéo. Pour illustrer la musique et pour montrer comment les sons sont faits, comme des montages avec des tapes loops par exemple. Et j'ai trouvé que dans ton approche cela se ressentait aussi énormément !

A : Carrément. Ce qu'il y a actuellement sur mon Instagram, par exemple, a été beaucoup nettoyé, car au début je me cherchais. Ce n'était pas toujours très pro à mon goût. Certaines personnes trouvent l'aspect visuel des réseaux sociaux un peu surfait, quand tout est trop beau, bien fait, trop joli... genre c'est cheaté quoi tu vois ! Moi au contraire je pense l'inverse, surtout pour la musique ambient où le visuel est hyper important. Des belles images, peu importe lesquelles (le matos qui tourne, un paysage...), quand la musique est dessus, ça ajoute une dimension qui est vraiment importante. Je trouve qu'Instagram rend très bien justice à ce style de musique. Et je trouve ça super agréable de défiler mon fil et de tomber sur de super vidéos, très belles avec de la belle musique. Je trouve ça vraiment très chouette !

S : Oui, il y a un rapport à l'image dans ce milieu compo et demo de matériel également. Il y a toujours ce lien entre technique vidéo, technique de son...

A : Ouais, et puis il y a des mecs qui sont vraiment hyper créatifs qui font un boulot visuel et musical qui est juste incroyable, et qui ont une recherche artistique sur ces deux aspects, que ce soit pour de la démo de matos ou la proposition d'un morceau à proprement parler. C'est une démarche géniale et très complète. Donc je n'ai pas honte de le dire, je trouve Instagram super là-dessus, j'ai découvert et rencontré des artistes géniaux et super sympas, super ouverts... Toutes les collab' de mon nouvel album ont été faites avec des artistes du monde entier que j'ai rencontré là-bas. J'y suis très attaché à ce réseau.

S : C'est d'autant plus intéressant que c'est très actuel pour ce genre de musique, donc c'est super chouette ! Tu me fais également une rampe pour ton nouvel album qui est quasi exclusivement collaboratif (hormis 2 pistes). Comment s'est goupillée l'idée des collaborations, l'initialisation du projet, et le processus créatif autour ?

A : J'ai une manière très bizarre de faire de la musique. Je pense d'abord à des concepts et des images, ensuite j'écris de la musique en fonction de ça. C'est ainsi que Music For Liminal Spaces est né. Je regarde souvent les vidéos d'un youtubeur qui s'appelle Feldup que je trouve toujours super intéressant, et il parlait des « liminal spaces » justement. Je me suis penché dessus et j'ai trouvé l'univers super intéressant et ultra vaste, avec toute une communauté derrière où ils font des histoires... Mais le concept de base m'a vraiment intéressé, avec une aura de mélancolie et de nostalgie qui ressortait de ces images, qui sont nombreuses sur Internet. J'ai découvert qu'il y avait une niche pour ça. Je me suis dit que ça serait sympa de faire un album qui serait la musique pour ces endroits-là ! Et bien sûr le titre de l'album est très inspiré de Brian Eno avec son Music For Airports. Je trouvais ça assez marrant de faire un parallèle avec tout le travail de ce pionnier de l'ambient, et de faire un album actuel avec ma version des choses sur un thème différent.
Le concept est né là. J'ai étudié ce que c'était vraiment les liminal spaces, et j'ai essayé de le retranscrire musicalement. C'est pour ça que j'ai décidé de travailler que sur des bandes pour vraiment avoir le son le plus altéré, distant, distordu, fluctuant... Il fallait avoir l'impression que c'était des morceaux de musique qui venaient de mondes un peu perdus entre deux états d'être. Que ces morceaux un peu fracturés se retrouvent, se remélangent, se recomposent, sans qu'il n'y ait de début ou de fin, que ça soit très éthéré, mélancolique et mystérieux. J'ai essayé de faire en sorte que la musique corresponde à la définition de ce que sont les liminal spaces.

Ghost In The Loop - Music For Liminal Spaces La magnifique pochette de Music For Liminal Spaces, premier album de Ghost In The Loop. Réalisée par Ash Farrand Design.

S : Tu cherchais à retrouver sur bande une musique qui donne l'impression d'avoir déjà vécu, c'est cela ?

A : Ouais ! Car l'avantage de bosser avec les bandes, c'est que certes, le son est analogique et très beau quand c'est bien fait, mais quand on bidouille tout ça, cela donne vite un rendu déstructuré, comme si cela avait vieilli, et que les boucles tournaient depuis des dizaines d'années... et je trouvais ça super intéressant d'avoir cet aspect-là !

S : Et donc tous les featurings sur l'album, c'était à chaque fois quelqu'un qui apportait un élément et tu l'intégrais dans autre chose, ou alors c'est toi qui fournissait une base pour que quelqu'un ajoute une idée pour les fusionner ?

A : J'ai d'abord contacté beaucoup d'artistes dont j'aime le travail, je leur ai expliqué le concept pour qu'ils comprennent l'image que j'avais en tête. Je leur ai dit "tu me fais ce que tu veux" : une boucle de 15 secondes au synthé, une suite d'accord au piano... n'importe quoi ! Il fallait obligatoirement que ça ne soit pas travaillé avec des bandes car ça c'est moi qui voulait travailler l'aspect déstructuré et altéré de la chose. Donc carte blanche, sans limite, juste que ça soit relativement mélancolique ou nostalgique, sans être trop dark ni joyeux. Basé sur ce cahier des charges, ils m'envoyaient un truc, et moi je me débrouille, et je construis autour. Voilà, c'est exactement comme ça que toutes les collaborations se sont faites. Certains m'ont envoyé des petits morceaux de synthés ou de piano, d'autres carrément des morceaux entièrement produits, c'est à dire 3 minutes de piano avec des arrangements et des effets... Moi je brodais autour de tout ça !

S : C'est ce que tu disais aussi, il y a ce ressenti de boucles qui ont déjà vécu et cette sensation que l'on débarque, fluctuant et de passage, on navigue dans les ambiances de tel ou tel morceau...
Je voulais savoir, cette volonté de construire un morceau de manière assez improvisée ou sans fil, est-ce que tu trouves ça compliqué, risqué voire stressant ?

A : Ah non ! Le processus de composition de cet album a été absolument facile et relaxant. J'ai vraiment pris un plaisir de fou à le faire car c'était vraiment de l'exploration sans prise de tête. Vraiment, il y a des morceaux, je pense notamment à Half-Speed Crashing Waves avec Nick Hutton, il m'a envoyé ses pads, et la suite s'est faite de mon côté en littéralement 10 minutes montre en main !
Faut dire, ça fait longtemps que je m'entraîne seul avec les tape loops, donc je connais le processus, mon matériel, mes machines... Je sais anticiper les problèmes depuis. La composition a été super simple, naturelle, sans aucune contrainte. Que du plaisir !

S : Et du coup à l'inverse, quand tu passes à la réalisation de morceaux « écrits », est-ce que le processus créatif et ton rapport à cela sont différents ?

A : Complétement, le tout premier EP que j'ai réalisé est plus electronica qu'ambient. Je débutais clairement dans l'écriture, cet EP a beaucoup de lacunes dont j'ai pleinement conscience maintenant.
Quand j'ai fait Music For Liminal Spaces, j'ai surtout été concentré sur les textures, l'orchestration et l'entrelacement des mélodies entres elles. Que le peu qu'il y ait soit cohérent et le moins monotone possible, ce qui est très très dur avec des tapes loops. Comme ce sont des boucles de quelques secondes qui tournent, ne pas avoir un rendu monotone est complexe.
Je trouve que des morceaux de l'album sont très réussis, quelques unes qui marchent moins bien, mais on ne peut pas être parfait !
Ça a été, de fait, un super exercice pour me rendre compte de ce qui marche très bien ou moins... À l'inverse, mes deux autres EP, quand ce sont des trucs écrits, je réfléchis bien plus à la structure qu'à l'intention, les textures et les mélodies. C'est pour ça que je ne les trouve pas exceptionnellement bien réussis.

Et je pense que je vais refaire de la musique électronique plus structurée et écrite en tirant profit de ces deux types d'expériences. Music For Liminal Spaces a été une étape super importante je pense. Abandonner le coté structure des musiques, me concentrer sur l'émotion. Quand je finirais par vraiment maîtriser cet aspect, je pense réinsérer plus de structures dans mes morceaux. Cela va bien plus m'aider !

S : Allier les deux aspects que tu as déjà exploré !

A : Oui, je pense que mes prochains EP et albums seront bien plus hybrides. Il y aura peut-être encore des titres ambient bien sûr, mais il y aura un peu plus de rythme, de structure... Et je vais m'orienter en ce sens.


S : Tu as déjà fait une rétrospective sur ton projet. Comme tu as deux approches différentes, est-ce que tu vois donc Music For Liminal Spaces et tes jams comme des chansons ou plus des bulles de moments d'explorations, une façon de montrer tes compétences et ta créativité ?

A : Non pour moi ce sont des chansons !

S : Tu nous as évoqué plusieurs fois le matériel, qui est très mis en avant dans ce milieu, que ça soit dans les vidéos ou le fait que les artistes ont tous un problème économique avec le matériel (rire commun). Quel est ton rapport, dans la création, avec le matériel que tu utilises ? Que ce soit dans le fait d'acquérir quelque chose, d'allier une partie de celui-ci pour être concentré sur cette association, ou à l'inverse tout utiliser comme une palette générale ?

A : Comment dire... Sur cet album je me suis limité à n'utiliser que des appareils à bandes. Un magnétophone Revox, mon vieux Roland Space Echo, le Tascam 4 pistes Portastudio. J'ai ajouté quelques touches de synthé pour agrémenter ponctuellement les morceaux, pour donner de la variété et des petites couleurs...

Mon rapport au matos dans tout ça... C'est compliqué comme question... J'ai toujours été un grand consommateur de matos, depuis mes débuts dans la musique. Encore la semaine dernière, j'avais 14 guitares avant d'en vendre... J'ai toujours eu beaucoup de matériel et adoré ça.
On va commencer par les guitares. J'en ai toujours eu beaucoup car pour moi chacune est unique et a un son spécifique. Je fais attention à ne pas avoir de doublon, que mes instruments soient différents pour être sûr d'avoir un son dont j'ai besoin, que je sois sûr de l'avoir et ne pas tourner en rond avec un instrument non adapté. Ensuite j'ai eu beaucoup de pédales d'effets avec mes guitares, je trouve que ce sont de merveilleux outils pour sculpter le son et parfois ce sont aussi des instruments à part entière ! J'en ai toujours eu beaucoup.
Quand je me suis mis aux synthés, j'ai eu différentes machines car je me cherchais un peu, je ne connaissais pas encore bien la synthèse soustractive, additive... J'y connaissais rien donc j'ai vite eu des machines que j'ai revendu derrière.
Mais mon état d'esprit a un peu changé par rapport au matos. Je trouve que plus on en a, plus on perd de temps à réfléchir à comment on va utiliser ceci avec ça... Au final plus on a de matos, moins on va en profondeur avec ce qu'on a. Donc avec les machines, j'essaye de ne pas faire la même erreur que j'ai pu faire avec les guitares : en acheter le moins possible , mais acheter LA bonne chose. Le bon matériel, le bon synthé... Je revends de plus en plus de matos, et j'essaye de me concentrer uniquement sur ce que j'utilise beaucoup, ce que je connais bien et maîtrise le plus possible. D'aller au fond des choses avant de passer à une autre pédale ou synthé etc...

Mon rapport au matos est donc là : revendre ce que j'utilise peu, pour me concentrer derrière sur l'essentiel. C'est peut-être pour ça que Music For Liminal Spaces est plus réussi, je trouve, que mes 2 EP : j'utilise moins de matos, mais ce dont je me suis servi, je l'ai bien mieux fait, car je me suis focalisé sur quelque chose de très spécifique et suis allé au plus loin de cela. Je pense que c'est ce que je vais faire de plus en plus. Utiliser de moins en moins de matos, mais aller exploiter toutes les capacités de chaque machine pour en tirer le meilleur. Je n'ai plus envie ni le besoin d'avoir 50 guitares pour savoir bien jouer de la guitare, tu vois ce que je veux dire ? Maintenant j'en ai deux, et c'est parfait. J'ai un synthé, il est parfait, j'en veux pas un autre. J'ai une groove box, pareille, parfaite et je n'en veux pas une autre...

Faire plus avec moins !

Je suis tombé sur la chaîne Youtube de TheMessyDesk par hasard. Ce mec est exceptionnel, il est très drôle et divertissant ! Il se bat contre les crises de GAS (Gear Acquisition Syndrome, Syndrome de l’Acquisition de Matériel en français). C'est-à-dire qu'il faut arrêter de perdre du temps sur Youtube pour chercher le matos qui nous fera avancer. Il dit qu'il faut stopper ça, qu'on a tout en notre possession. Rien qu'avec un ordinateur et un simple clavier MIDI, vous êtes capable de faire de la bonne musique ! Ne cherchez pas à avoir trop de choses car vous perdez du temps. Dépensez-le dans ce que vous avez déjà, et plutôt que de perdre 2 heures sur Youtube sur des vidéos de matos, perdez 2 heures sur des vidéos sur comment écrire de la musique, comment écrire des arrangements, comment mieux composer... Et je me suis dit qu'il a raison ce con ! On passe tous trop de temps à regarder des vidéos de la nouvelle pédale sortie il y a deux mois, alors que ça sert à rien quoi... Il m'a vraiment conforté dans cette direction, que j'aille vraiment à fond dans cet état de pensée !

S : Passons à tes vidéos de Jams. Tu parlais de tes influences par rapport à l'image, tu as ce rapport là avec tes jams aussi, puisque tu les fais sur des pics de randonnées ?

A : C'est particulier, car toutes mes vidéos de 2021 ont été mes premières expériences live en extérieur. C'était un peu un crash test pour moi, avec tous les risques que ça comporte pour le matos. J'en avais conscience. Je voulais à la base faire des impros de A à Z. Chose qui n'a pas été réalisée en 2021, car le gros des morceaux a été pré-composé à l'avance. Arrivé sur place, j'improvisais avec ces pré-compositions en les arrangeant en live sur place.
Dans le milieu de la musique électronique, beaucoup diraient que c'est de la vraie improvisation, mais pour moi qui suis guitariste, c'est pas de la vraie impro dans le sens où je ne pars pas d'une page blanche. J'ai décidé de faire comme ça sachant que ça allait être compliqué de jouer en extérieur... Et j'avais raison ! Car à chaque fois, on a des problèmes. Et composer en direct live en extérieur, avec tous les problèmes techniques, c'est super galère. Si j'avais dû tout improviser, littéralement tout de A à Z, ça ne serait pas passé, je me serais cassé la gueule. Donc oui le paysage m'inspire sur le moment car j'arrange mes morceaux en direct. Mais malheureusement c'était pas encore de l'improvisation pure et dure. C'est ce que je vais essayer de plus en plus cette année, vers de l'impro totale ! Je travaille là-dessus.

S : Parce que tu fais des vidéos de jams, est-ce que tu as la volonté de faire du live devant un public, ou tu préfères l'approche de production vidéo ?

A : Le truc c'est que le rapport au public, je l'ai toujours eu dans des groupes, derrière ma basse ou ma guitare. Là tout de suite maintenant, être tout seul devant des gens et faire de la musique ambient/électro, j'ai encore un peu du mal à conceptualiser le truc. Je pense être capable de le faire, c'est pas ça le problème, c'est pas compliqué d'appuyer sur des boutons en live une fois que tu connais ton matériel. L'énergie du live en groupe me manque vraiment. J'associe plus la musique électronique à une démarche introspective, dans la nature, dans les montagnes. J'ai vraiment séparé les deux choses.
On me réclame pourtant des lives, des potes m'ont dit que ça serait génial de faire ça en public avec des gens... Oui ça peut être très cool, mais je ne me sens pas de le faire encore. Pour l'instant je vais continuer sur cette voie-là, on verra par la suite comment ça évolue.
Si je fais de la musique électronique en live sur ce projet, je pense que ça serait moins ambient et plus rythmé. Typiquement, Jon Hopkins ! Que les gens aient envie de danser. J'aurais du mal à faire un live de 30min de soundscape, j'aurais peur que les gens se fassent chier. Si je dois faire du live, c'est pour que les gens s'éclatent, et ce n'est pas ce sur quoi je travaille pour le moment. Donc à voir !

S : J'ai fait le tour de mes questions, si tu veux avoir le mot de la fin, je t'en prie !

A : Et bien, merci pour l'interview, j'ai passé un super moment, les questions étaient top et j'ai bien pu exposer le projet ! Je voudrais terminer en disant qu'avec Hugo Preverand (collaborateur pour la réalisation des vidéos), on travaille sur un projet de live pour l'été 2022, ça va être assez badass et va demander énormément de boulot... Je suis super excité par ce projet, j'ai hâte de le proposer !

Un énorme merci à Aurélien pour ces échanges passionnants, je vous recommande chaudement son dernier album ainsi que son travail sur sa chaîne Youtube !

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  • Rôle(s) : Synthétiseur, Guitare
  • Pays : France