Monolord est un groupe devenu majeur dans la scène doom en moins de 10 ans. Du coup, quand ils décident de ressortir leurs premiers albums en version instrumentale, le moment est propice pour poser quelques questions à Mika Hakki, leur bassiste.
Soundbather : Ma première question concerne la Suède. On a vu que ce n’était pas la même situation en France car il n’y avait pas de confinement. Comment ça s’est déroulé pour vous ?
Mika : Comme tu l’as dis, il n’y avait pas de confinement officiel mais la majorité des habitants ont pris leurs responsabilités en restant chez eux et en évitant les voyages inutiles. Nos magasins étaient toujours ouverts mais avec des restrictions et au final, peu de gens étaient dans ces magasins donc ça va.
S : En tant que groupe, c’était difficile de se voir ou finalement rien n’a vraiment changé ?
M : Pour nous c’est arrivé à un bon moment parce qu’on avait décidé de faire une pause. On venait d’enchaîner les tournées lors des trois dernières années et on s’était dit qu’après la nouvelle année on allait faire une pause de genre 5 mois. Donc ouais c’est une période plus que bénéfique pour nous.
S : Dans une interview, Thomas Jager (Chanteur/Guitariste) disait qu’il était vraiment fatigué d’enchaîner enregistrements d’albums et départs en tournée juste derrière. Maintenant que vous avez eu ce moment de pause, est-ce que vous vous êtes fixés un moment pour vous retrouver ou planifier des tournées ou bien c’est encore le moment de pause ?
M : À la base, on aurait du tourner en septembre en complément de la tournée des festivals d’été. On aurait du tourner quelques semaines aux Etats-Unis mais tout a été annulé. On va normalement tourner au printemps 2021 mais pour le moment on se voit et on retourne en salle de répétition pour préparer de nouvelles chansons.
S : Il y a déjà de nouvelles idées qui ont émergées ?
M : Ouais il y’a déjà de nouvelles choses.
S : Vous avez décidé de ressortir vos premiers albums mais en version instrumentale. Qu’est-ce qui a décidé ce choix et pourquoi uniquement en vinyle ?
M : L’idée est venue du propriétaire du label Riding Easy, Daniel Hall. Il nous a suggéré ça il y a quelques années mais on l'avait mis de coté. Finalement on en a rediscuté au printemps dernier. Sur le papier ça sonnait un peu comme une expérience fun à tenter et au final ça rend plutôt bien. Ça donne un autre degré de lecture aux chansons. De base, les morceaux sont un peu monotones mais en version instrumentale, ils prennent une autre tournure et c’est une bonne chose.
S : Au moment de l’interview, seuls Empress Rising & Vaenir ont connu ce traitement. Est-il prévu d’en faire de même avec Rust & No Comfort ?
M : Pour le moment, on avait prévu seulement de le faire avec Empress & Vaenir mais on ne sait jamais. Si il y’a de l’intérêt pour ça alors on pourrait le faire.
S : Sur les derniers albums, on retrouve des morceaux instrumentaux. Est-ce que ça a été un déclic pour sortir vos premiers albums en instrumentaux ou bien il n’y a aucune connexion ?
M : Non il n’y a pas de rapport direct. On a toujours aimé jouer des morceaux instrumentaux mais on ne s’est jamais dit que ça pouvait remplir un album en entier. C’est plus une coïncidence.
Il y a toujours ce fil rouge qui relie Empress Rising jusqu’à nos dernières sorties
S : Depuis la sortie d’Empress Rising, votre premier album, vous êtes sur la pente ascendante à chaque album. Est-ce que ça vous rajoute une pression supplémentaire quand vous rentrez en studio ?
M : Je mentirais si je disais qu’il n’y a pas un peu de pression. Après, comme les albums précédents ont été complètement écrit par Thomas, je pense que cette question lui irait mieux. Mais après, on est naturellement impliqué dans le processus. Il y a toujours ce fil rouge qui relie Empress Rising jusqu’à nos dernières sorties
S : Au fil des albums, vous mettez un peu plus d’éléments aériens dans votre musique. Vous semblez calmer le jeu sur la lourdeur. Qu’est-ce qui a apporté ces nuances dans votre son ? Est-ce que ça vient des écoutes personnelles des membres ?
M : Nous trois venons d’univers différents musicalement. On n'est pas tous dans le metal par exemple. Tout ce qu’on écoute est « heavy » mais ça peut être de la Dark Country ou bien de la musique orchestrale ou bien encore du vieux blues. Ce sont des genres complètement différents et c’est toujours fun d’essayer de trouver la lourdeur dans ce type de sonorités.
S : Salem’s Pot est un autre groupe Suédois que vous connaissez bien parce que vous avez tourné avec eux. Sur leur dernier album, Pronounce This, il y a un titre « So Gone, So Dead », qui rompt complètement avec leur doom psyché puisque c’est une chanson country. Est-ce que ça pourrait être le cas chez vous avec un titre qui viendrait rompre la ligne directrice de Monolord ?
M : On sait jamais. On ne se ferme aucune porte. Si jamais ça vient naturellement pourquoi pas. Après c’est toujours sympa de repousser les limites et de trouver de nouvelles sonorités dans nos chansons.
S : Vous n’est pas en répét en train de vous dire « Non ce titre est trop calme on va le virer »…
M : Exactement ! Comme je t’ai dit, on vient tous d’horizons différents dans la musique et c’est toujours bien de mixer diverses inspirations. Tu vois par exemple là j’ai sorti ma guitare acoustique. Je joue et j’enregistre mes propres créations.
S : Marrant que tu abordes ça parce que Thomas a sorti son album solo cette année. Est-ce que c’est un projet que tu as en tête ou alors tu crées juste des morceaux pour t’amuser ?
M : Je bosse sur un album solo tout à fait. C’est la première fois qu’on est séparés depuis des années donc on a le temps de travailler sur nos propres projets solos. Donc ouais, je vais sortir de nouvelles chansons.
Chacun de nos fans a une opinion différente et c’est une bonne chose.
S : Pour revenir sur Monolord, Empress Rising est le titre le plus connu de votre catalogue. C’est le morceau que tous les fans veulent entendre. Est-ce que ça vous embête qu’une de vos premières chansons soit encore aussi haut placé ou au contraire, vous êtes content d’avoir un titre aussi majeur dans le doom qui fait qu'on vous reconnaisse instantanément et vous place sur la carte ?
M : Pour être honnête, je vois pas en quoi ça serait négatif. Pour certains fans, Empress va être le plus gros tube de notre discographie. Mais pour beaucoup de nouveaux fans, ça pourra être une chanson tirée de Rust par exemple. Ou bien la chanson qu’ils ont entendu en premier de notre discographie. Chacun de nos fans a une opinion différente et c’est une bonne chose.
S : Vous commencez à avoir une longue carrière et un catalogue fourni. Est-ce qu’il y a une chanson que vous êtes fatigués de jouer en live ou bien vous êtes toujours à fond quelque que soit le titre que vous jouez sur scène ?
M : Aucune chanson ne me fatigue. On aime bien changer notre setlist de temps en temps quand on est en tournée. Comme ça on garde toujours une certaine fraîcheur quand on enchaîne les dates. Et du coup lors de la tournée qui suit on a des anciens morceaux qui peuvent revenir et on est super content de les jouer. De toute façon, le meilleur moment est quand on a la connexion avec les fans. S’ils adorent le morceau qu’on joue, alors on l’adore aussi.
S : Vous avez pas mal de chansons longues dans votre discographie. Est-ce que ça rend plus difficile le fait de composer une setlist ?
M : Quand on est en headline d’une tournée, c’est plus facile parce qu’on a un peu plus d’une heure. Du coup on peut jouer un peu plus de morceau. Mais quand on est en festival ça devient vite la galère notamment avec Empress Rising. Tu l’as dit, tout le monde veut avoir ce morceau en live du coup quand on se retrouve à jouer 30 minutes comme on a eu au Hellfest on a que trois titres sur la setlist. Et comme Empress prend déjà un slot, ça ne laisse que deux chansons à caser (rires). Donc ouais ça se complique à ce moment.
S : T’as eu pas mal de temps pour toi lors de cette période de confinement. Quels sont les artistes qui t’ont accompagné dans ce moment ? Qu'il s'agisse de nouveautés ou bien de vieux trucs que tu as eu le temps de creuser.
M : Lors des trois derniers mois j’ai été concentré à écrire mes propres chansons. C’est quelque chose de très différent de ce qu’on fait avec Monolord. J’ai pas mal écouté de vieille country, de la Outlaw country par exemple. Du Willie Nelson ou bien du Waylon Jennings.
S : On a vu des groupes sortir leurs propres bières, leurs vins mais vous, c’est la café. Il existe le café Monolord. Du coup, d’où vient cette passion pour le café ? Est-ce que c’est parce que vous en buvez beaucoup ou bien c’était uniquement pour vous démarquer des autres groupes de la scène stoner/doom ?
M : Oh non, on boit énormément de café (rires). Pas mal de groupes aiment boire de la bière quand ils répètent mais nous on ne peut pas tellement. Quand on se voit c’est à Göteborg et seul Esben vit sur place. Thomas & moi on doit conduire 30 minutes pour aller à la salle de répet. Du coup, comme nous sommes de bons Suédois, quand on conduit on ne boit pas (rires). Donc du coup c’est café, café et encore plus de café.
S : Du coup on pourrait voir débarquer un nouveau café l’an prochain ?
M : Peut être ouais, un truc encore plus fort (rires)
S : Merci beaucoup d'avoir pris de ton temps et on te souhaite le meilleur pour la fin d'année et l'an prochain.
M : Merci beaucoup à vous ! On espère revenir en France le plus vite possible. Passez un bon été !