While She Sleeps/Bury Tomorrow/ERRA/Make Them Suffer @LeTransbordeur, Villeurbanne - 24/06/24

Chaleur humaine

Alors que l'été commence enfin à montrer le bout de son nez, quoi de mieux pour profiter du soleil et de la température que de s'enfermer à l'intérieur du Transbordeur pour une date sentant bon la transpiration, les moulinets et la bagarre. C'était la promesse de ce plateau fourni avec Make Them Suffer, ERRA, Bury Tomorrow et While She Sleeps en clou du spectacle, pour chanter en chœur et pogoter avec ses voisins en tout bien tout honneur. Une soirée amputée de Thrown, le groupe suédois ayant déclaré forfait peu avant le concert, certains de ses membres étant tombés malade. Prompt rétablissement à eux et nous, on plonge dans l'enceinte villeurbannaise pour cette soirée organisée par Sounds Like Hell Productions, que l'on remercie chaleureusement pour l'occasion.

Make Them Suffer : échauffement réussi

Il n'est jamais aisé de passer en premier sur une affiche avec autant de groupes, surtout que cela implique un horaire de début assez tôt. De plus, nous sommes un lundi soir, en périphérie lyonnaise, il était donc possible que le public ne vienne pas en nombre. Ce fut tout l'inverse, la fosse du Transbordeur était remplie tandis que les gradins se sont garnis au fur et à mesure. De quoi faire plaisir aux Australiens de Make Them Suffer, venus retourner le public avec leur Metalcore Moderne du plus bel effet. Couplets riffus, refrains mélodiques, souvent à deux voix avec d'un côté, le scream de Sean Harmanis et de l'autre, le chant clair de la claviériste Alex Reade, dernière arrivée dans le line-up de la formation. Le duo de voix se complète bien et le son permet de n'en louper aucune miette. On assiste aux premières rencontres entre épaules dans la fosse ainsi qu'à un circle pit, peu étonnant avec ce genre de musique. Le quintette aura une demi-heure pour briller, ce qu'il fera. Tout le monde sera ravi de les voir, parfait pour évacuer quelques premiers litres de sueur dans cette soirée qui ne fait que débuter.

ERRA : Djent is a genre

Dans la famille du Metalcore, il existe évidemment plusieurs chemins prenant une même source pour origine Les Américains d'ERRA ont pris la voie du Djent, ce sous-genre du Metal privilégiant les riffs syncopés, les accordages graves et un groove assez caractéristique. C'est cette mixture que le quintette est venu nous servir pour enchainer et clairement, ça fonctionne parfaitement. Les riffs de Jesse Cash et Clint Tustin tapent là où il faut et il est difficile de ne pas bouger sa nuque au rythme des coups de poignets du duo sur leurs manches respectifs. Le groupe est venu défendre son dernier album, CURE, sorti début avril et leur performance a montré que les Alabamiens étaient devenus une valeur sûre de cette scène. Eux aussi ont eu une demi-heure pour briller, ce qu'ils ont fait avec brio. Le public était bien à fond, quoi que moins impliqué dans la bagarre pure, un calme relatif avant l'avalanche britannique qui allait débarquer juste après.

Bury Tomorrow : Charisme rayonnant

Si le public lyonnais était déjà bien chaud pour les deux premières entités venues sur la scène du Transbordeur, un cap sera passé avec l'arrivée de Bury Tomorrow et de son chanteur Daniel Winter-Bates. Pendant une heure, le frontman aura été sublime au chant mais aussi lors des "entre chansons". Qu'il s'agisse de petites vannes ou bien de discours sur l'inclusivité de cette scène et qu'ils sont ici pour faire bouger tout le monde peu importe l'origine, le sexe, le genre etc... Tout aura été parfait et clairement, le sextette vaut le coup en live ne serait-ce que pour son meneur. Par ailleurs, Daniel est privé de son frère Davyd, co-fondateur du groupe et bassiste en temps normal, obligé de renoncer à la tournée pour des raisons médicales. Fort heureusement, tout va bien et on lui souhaite de se rétablir pour le mieux. En son absence, c'est une bande sonore qui fait office de basse, quelque chose d'habituel dans ces scènes.

Ici, on est sur un Metalcore Moderne direct, efficace et ça, le public s'en est régalé : circle pits, walls of death, pogos, slammeurs, le bingo est rempli, félicitations vous remportez un jambon. Dans une ambiance chaleureuse, Bury Tomorrow a déroulé sa setlist sans accroc pour le plus grand plaisir des 1700 humains présents à Villeurbanne. Le quintette en a même profité pour jouer Villain Arc, leur tout dernier titre sorti fin mai. Onze titres qui auront terminé de chauffer la foule à blanc avant l'arrivée de leurs amis de While She Sleeps.

While She Sleeps : You Are Oui

Quand on parle de la nouvelle vague Metalcore, on évoque souvent Bring Me The Horizon ou bien Architects. Pourtant, While She Sleeps mérite largement ses fleurs en tant que tête d'affiche de ce mouvement. Chaque sortie du quintette est attendue par un public toujours plus nombreux et fidèle. C'est aussi la force de WSS : impliquer les fans au maximum. Entre You Are We ou leur Sleeps Society, les Anglais sont reconnaissants à chaque concert et les spectateurs leur rendent bien. Pendant une heure trente, le groupe va mettre le public en transe en enchainant les tubes et les morceaux récents tirés de leur dernière sortie SELF HELL, disponible partout depuis la fin mars.

Une chaleur humaine qui a marqué Lawrence Taylor, chanteur du groupe et passablement épuisé de la température à l'intérieur du Transbordeur. Néanmoins, le frontman resta solide à son poste et délivra une performance de qualité au travers des treize pistes proposées par la formation. Le gros point fort de While She Sleeps est sa présence scénique : on retrouve en fond de scène une structure à base d'amplis Marshall où le batteur a pris place mais où les autres membres peuvent le rejoindre quand ils le souhaitent via des escaliers latéraux. De quoi permettre des rotations entre les quatre autres membres, alternant leur présence sur le devant ou bien sur le sommet du mur d'amplis.

IMG_20240624_220445 Photo du concert prise depuis les gradins du Transbordeur pour illustrer la structure évoquée au-dessus.

L'autre force de While She Sleeps réside dans l'utilisation des lumières, ajoutant de l'intensité aux morceaux, qui n'en manquent pas à la base. Tout ceci permet d'affirmer que la réputation de bêtes de scène des Anglais n'est pas usurpée. La communion avec le public fut magnifique de la première à la dernière note. Immense coup de chapeau sur Taylor et son équipe qui, comme son homonyme, est un "Giant".

Sounds Like Hell Productions a tapé juste. Aucune fausse note dans cette soirée qui aura permis de célébrer le passage à l'été de la plus belle des manières. Une façon de célébrer la fête de la musique à retardement. Si jamais vous avez l'occasion de voir un de ces quatre groupes par chez vous ou en festival, vous pouvez foncer les yeux fermés mais les oreilles ouvertes. Le Metalcore a encore de très beaux jours devant lui, et ça, ça fait plaisir.

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Le Transbordeur
Villeurbanne, France