Bayonne - Temporary Time

Perdu dans l'océan infini de la surconsommation des plateformes de streaming, il arrive parfois que notre navire accoste sur des lopins de terre aux couleurs réconfortantes, nous offrant une pause plus que bienvenue dans notre périple.

Ce texte est aujourd’hui dédié à une de ces bouées trouvées aux creux des vagues et vers lesquelles on aime revenir. C'est au gré des algorithmes, lors d’une nuit printanière que Spotify me recommanda un morceau à la pochette nuageuse et céleste, m’invitant dans un univers onirique pour combler un besoin dont je n'avais pas conscience. Le morceau proposé s'appelait Is It Time, servant de single d’introduction à l’album Temporary Time et m'amenant à la découverte de Bayonne.

Derrière ce patronyme se cache, non pas un Français aimant un peu trop le Pays Basque, mais un artiste Texan nommé Roger Sellers. Et quand bien même il n’a aucun lien avec la sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques, l’univers de Bayonne se prête aisément à une balade sur le bord de mer lors d’un coucher de soleil digne d’une carte postale. Is It Time sera la première balise lancée dans la mer pour promouvoir l’album et remplira son rôle avec brio. Ce morceau est un condensé d’onirisme propre à ces moments estivaux décrits précédemment. Alternant entre synthés électroniques, beats calmes et un piano posant l’harmonie, l’artiste accompagne ses mélodies de sa voix éthérée et l’on est immédiatement transporté dans ses atmosphères.

Aucun doute, nous voguons dans une Électro-Pop puisant, sans s’en cacher, dans des sonorités faisant fortement penser aux années 80, sans non plus partir dans les mouvements nocturnes de la Synthwave. Car Bayonne va plutôt préférer puiser dans l'autre courant prenant comme point d'ancrage cette nostalgie, à savoir la Vaporwave. Roger va se rattacher à des bruits de lancements d’ordinateurs, de VHS ou de disquettes propres aux machines de l’époque. Un gimmick d’introduction que l'on peut entendre dès la première piste Must Be True ou sur le gros single du disque Right Thing. Ce dernier a eu le droit à son clip respectant tout le cahier des charges de l’esthétique néo-rétro dont son auteur à l’air d’être un grand adepte. Mais la référence s'arrêtera là, puisque les tempos sont bien plus rapides que dans les styles d'influence évoqués précédemment. Même si le but reste le même que dans ces paysages vaporeux, à savoir de créer un voyage cotonneux pour l'auditeur, une croisière paisible et ensoleillée de part ses mélodies et ses instruments utilisés.

Roger Sellers reste avant tout un DJ ayant bâti son navire dans des eaux électroniques et dans la musique assistée par ordinateur. Cependant, nous pouvons entendre plusieurs couches d'instruments réels apportant une orchestration plus que bienvenue. Le tout met en scène une nouvelle profondeur au disque et amplifie l'Odyssée musicale qui nous est offerte. De doux arpèges de guitares proposent une évasion sur Words et Solo, une batterie plus dansante pose la valse sur FK et un xylophone sur Tabitha clôture avec brio l’album. Quelques passages de flûtes sont aussi disséminés dans nos écoutes. Le tout s'adapte parfaitement avec les beats et les tempos portés par les machines de Bayonne. Mais plutôt que vous décrire point par point chaque œuvre de ce disque, je préfère, avec cette courte chronique, vous conseiller le voyage que m'a procuré cet album au travers de sa découverte par-delà les algorithmes.

Car ce Temporary Time et sa pochette nuageuse sont une invitation dans des contrées rêveuses et éthérées respectant parfaitement leur promesse et qui feront du bien au cœur, pour peu que la voix de Roger et ses compositions marchent sur vous. Un bref instant de quiétude portant remarquablement bien son nom dont la simple écoute nous fait voyager dans un mélange de modernité et de nostalgie. Un album à relancer sans aucun doute dès que le coucher du soleil prêtera ses couleurs parfaites pour profiter de ce disque et de son onirisme.