Electric Youth - Memory Emotion

Douce fin d'été

Le nom d'Electric Youth ne vous dit peut-être rien. Mais avec la même surprise que lorsqu'on découvre que Kimbra est la chanteuse en featuring avec Gotye sur Somebody That I Used To Know, vos yeux s'écarquilleront de la même façon en apprenant qu'Electric Youth est en duo avec College sur A Real Hero, le titre de clôture de Drive. Formé à Toronto en 2008 et composé de Bronwyn Griffin et Austin Garrick, le groupe officie dans le domaine de la synthwave / synthpop. Après Innerworld en 2014, la formation a sorti son second opus en 2019.

Alors que retrouve-t-on dans ces onze titres et 43 minutes de synthpop ? Une synthwave énergique et sucrée à l'extrême, comme Runaways de WOLFCLUB, ou un versant plus sombre et tourmenté comme le Nocturnal de The Midnight ? La réponse est entre les deux, l'album du duo trouvant des tons très chaleureux (ARAWA, Real Ones), qui nous emmènent avec lui sur la côte méditerranéenne, pendant la saison estivale, en fin d'après-midi.

Hormis Life et son refrain à l'intense mur de synthé, Memory Emotion ne se veut pas comme une œuvre à l'énergie débordante. Au contraire, celle-ci a été dépensée, et il est préférable d'aller se reposer dans une chaise longue pour en profiter avec les dernières chaleurs d'août. Le son sculpté par la paire de musiciens invoque une douceur tamisée (On My Own, Evergreen 143, Memory Emotion), où les pads de velours sont préférés à l'imposante caisse claire. Sur les différentes pistes, le tempo oscille entre moyen et lent, laissant ainsi les couleurs chaudes irradier les morceaux, les nappes d'ambient nous enveloppant dans un réconfort bienveillant.

Cette chaleur semble cependant cacher une certaine mélancolie. Quitter, partir ou finir : quelque soit le verbe qui vous semble le plus adapté pour décrire la sensation que transmet le son des Canadiens, ce qui est sûr, c'est que quelque chose se termine. Cette fin qu'on perçoit à travers la musique d'Electric Youth n'est pas triste pour autant. On regrette de devoir quitter notre situation tout en sachant que la suite sera une belle expérience à vivre.

Cette subtilité entre joie chaleureuse et fin imminente émane de l'ensemble de Memory Emotion. Lien parfait entre les deux, la douce et sublime voix de Bronwyn Griffin est une pommade qui réchauffe notre cœur et efface toute douleur que cette fin pourrait provoquer. La voix de tête de la chanteuse marque profondément pendant l'écoute, presque brumeuse. De la même manière, les synthés raffinés d'Austin Garrick se placent à merveille entre les deux émotions, évoquant simultanément la chaleur des textures et la douce amertume des mélodies.

Que ce soit une fin d'adolescence ou des souvenirs heureux qui nous rendraient un peu nostalgiques, Memory Emotion se décrit de lui-même par son nom et sa pochette. Cette dernière, présentant un rose chaleureux avec en son centre un cadre qui appelle un souvenir, symbolise à merveille l’album d’Electric Youth : un petit rayon de soleil se couchant à l’horizon baignant dans un océan de synthétiseurs apaisants. Plus mature que son prédécesseur Memory Emotion se révèle être une très belle suite à Innerworld, nous emmenant aisément avec lui dans le séduisant imaginaire qu’il propose.

Memory_Emotion
Electric Youth
"Memory Emotion"