Au milieu d'albums anodins se trouvent parfois des chansons à la qualité indéniable, trésors sous-marins dont les oreilles attentionnées entendent l'appel. En d'autres occasions, ces perles sont des singles perdus au fond de l'immense océan musical, lâchées discrètement par des artistes inconnus du grand public. Tout comme nos Passages surlignent des instants impactant d'un titre, cette chronique veut faire remonter à la surface ces morceaux à côté desquels on serait passé. Et nous savons que la Prise du jour sera bonne.
Le grincement de la serrure, le frottement du tapis, et enfin, le claquement de la porte. Seul persiste un léger bruissement du monde extérieur, étouffé par l’acoustique familière du domicile. Ne reste qu’à poser ses affaires, enfiler une tenue décontractée et se faire couler une tasse réconfortante. Ces quelques minutes de plénitude déclenchées par le retour au bercail, c’est un instant que je chéris chaque jour et il existe un morceau dont les premières notes me plongent exactement dans le même état d’esprit.
Entendre les dix premières touches de cymbales enchaînées par le faux départ de la basse de Home de LCD Soundsystem, c’est automatiquement me faire pousser un soupir de soulagement. Le soulagement de savoir que pendant les huit prochaines minutes, je serais plongé dans une petite bulle de bonne humeur où les soucis du quotidien resteront en suspens.
Pas la moindre trace d'agression sonore à l’horizon, pas de mélodie trop marquée, juste des boucles hypnotiques pour développer l’ambiance du morceau. L’instrumentation ne fait pas de vagues malgré toute une multitude d'éléments qui la compose. Cela ne veut pas dire que le titre est simpliste pour autant, il suffit d’ailleurs de se concentrer quelques secondes sur la batterie pour se rendre compte du nombre de choses qui s’y passe et du tempo effréné déroulé sur ces huit minutes.
En revanche, ce qui risque de vous hanter régulièrement, passées quelques écoutes, c’est le chant de James Murphy. Avec sa voix haute perchée et sa fausse nonchalance, les aaahaaah des refrains viendront de temps en temps toquer à la porte de votre cerveau pour venir prendre le thé aux moments les plus opportuns. On ressent d’ailleurs très clairement l’inspiration de David Byrne et du This Must Be the Place (Naive Melody) des Talking Heads auquel Home fait un clin d'œil dans ses paroles.
Home is where I want to be
But I guess I’m already there
(Talking Heads - This Must Be the Place (Naive Melody)
Yeah, no one ever knows what you're talking about
So I guess you're already there
(LCD Soundsystem - Home)
En retrouvant sa ligne basse, ses clapotements, sa cowbell et sa petite danse entre guitare et synthé, écouter Home de LCD Soundsystem c’est comme se faire accueillir par la fête de son animal de compagnie. C’est voir les dernières miettes de marasme se faire immédiatement balayer par une bourrasque de bienveillance remontée comme si elle vous avait attendu toute la journée. C’est, à chaque écoute, pousser la porte d’un foyer où l'on sera toujours le·la bienvenu·e.
TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
Joie de VivreComment l'album va impacter votre humeur. 1/5 : Tout est noir et triste, et si je me roulais en boule ? 5/5 : Tout va bien, je souris avant tout.
Consigne du maître nageur :
Slip de bain
