Le Passage #01 : Elder - Halcyon

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui la fait surnager au-dessus des autres.

Mon rapport à Elder est quelque peu surprenant. S'il apparaît évident aujourd'hui que le quatuor est dans mon cœur, la chose ne fut pas aisée pour qu'une place se creuse. Pendant longtemps, les travaux de Nick DiSalvo et ses compères me semblaient en dent de scie, l'exemple le plus flagrant étant leur album Reflections Of A Floating World. Loué par énormément de monde, il reste une bête difficile à appréhender pour mes oreilles, ne comprenant pas certains choix de composition et regrettant sa longueur trop importante. Pourtant, en écoutant Sanctuary, il est évident que j'étais fait pour aimer ce groupe. Des riffs d'une efficacité folle, une structure changeante laissant poindre des inspirations progressives et une petite touche de psychédélisme qui sied parfaitement à l'ensemble.

La sortie de l'EP The Gold & Silver Sessions m'aura réchauffé à l'idée d'avoir entre les mains le cinquième album des Américains. Dans une industrie musicale qui semble aller de plus en plus vite, Elder prend le contre-pied et continue à poser son rythme et ses idées. Seulement cinq pistes sur Omens mais 55 minutes nous sont proposées avec une petite évolution dans la sonorité. Du rock abrasif et puissant, le quatuor a basculé vers quelque chose de bien plus planant, psychédélique, avec quand même quelques riffs bien sentis pour nous rappeler que Nick DiSalvo est un sacré compositeur.

Un clavier comme déclencheur

Les fans auront remarqué la présence accrue de claviers dans les compositions plus récentes d'Elder. Il faut dire que l'arrivée de Michael Risberg en tant que claviériste officiel aide. Un choix judicieux qui s'incorpore sublimement dans les chansons, notamment sur la troisième piste : Halcyon. Situé en milieu de disque, ce morceau représente pour moi la quintessence d'Omens et même de la carrière du groupe. Une lente montée en puissance qui prend son temps avant l'explosion et l'arrivée des guitares plus rock. La chanson derrière déroule ses idées avec facilité jusqu'à arriver à 10:40.

Ici, le clavier se démarque, jouant seul une mélodie qu'il conservera jusqu'à la fin. 30 secondes après, batterie et guitares reviennent dans le mix pour nous préparer à l'emballement final. Un slide de basse et on est parti, le groupe se déchaine sur un riff d'une efficacité redoutable, brisant ma nuque par la même occasion. En fond, toujours ce synthé qui accompagne parfaitement le groupe et qui sera le seul rescapé lorsqu'à 12:30 tout s'arrête brusquement. En deux minutes, Elder vient de retourner mon cerveau et mon cœur, se faisant une place de choix dans mes morceaux préférés.

L'histoire aurait pu s'arrêter ici, mais les Américains ont récidivé. Bloqués comme tout le monde par le confinement, il fut impossible pour eux de défendre décemment Omens sur les scènes du monde entier. Fort heureusement, ils ont eu l'idée de proposer un live de deux titres sur les Internets : In Procession et Halcyon. Déjà conquis par ce dernier, Elder réussit l'exploit de magnifier le passage qui me fait perdre la tête. De deux minutes on passe à quatre avec en prime, un solo de Nick DiSalvo qui s'incorpore avec justesse dans ce moment de magie sonore. On en regretterait presque son arrêt tant on en voudrait pour quelques minutes supplémentaires.

Depuis sa sortie en 2020, il ne se passe pas une semaine sans que ce morceau ne franchisse mes tympans pour aller déclencher une décharge de dopamine. C'est grâce à ce titre, et cet album dans son entièreté, que je suis devenu un messager d'Elder auprès des auditeurs du monde entier. Il ne tient qu'à vous de vous laisser séduire par ce qu'ont fait Nick, Jack, Michael et Georg. De quoi, peut être, vous aussi, tomber sous le charme d'un passage en particulier.