Le Passage #08 : Graveyard - Slow Motion Countdown

Mélancolie, puissance et beauté.

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui la fait surnager au-dessus des autres.

Quand on vient à plonger sa tête dans l'univers étendu du Stoner, il est un pays qui arrive souvent dans la discussion tant ses groupes talentueux sont nombreux. Et s'ils ne se limitaient qu'à ce genre... les Suédois semblent doués dans tous les styles qu'ils touchent de leurs doigts. Néanmoins, restons dans le rock fuzzé avec un quatuor connu et reconnu auprès des fans : Graveyard.

Après quelques tentatives non fructueuses dans divers groupes, dont une avec Magnus Pelander qui deviendra la tête de proue de Witchcraft, Joakim Nilsson (Guitare/Chant) et Rikard Edlund (Basse) rejoindront Axel Sjöberg (Batterie) et Truls Mörck (Guitare) pour former Graveyard. Grâce à une démo postée sur leur page Myspace, ils seront repérés par le label Tee Pee Records qui publiera leur premier album, un éponyme, en 2007. D'ailleurs, Truls Mörck sera remplacé par Jonatan Larocca-Ramm pendant les sessions d'enregistrement, avant de revenir en 2014 en tant que bassiste suite au départ de Rikard Edlund.

Il faudra attendre 4 ans pour avoir le successeur, un certain Hisingen Blues, disque culte pour énormément d'afficionados de rock typé 70's. Il faut dire qu'entre morceaux énergiques et ballades puissantes, le quatuor de Göteborg a frappé fort. Au passage, changement de crémerie pour cet album et ceux d'après, puisque c'est Nuclear Blast qui aura senti le bon filon en les signant. En Suède, c'est une réussite pour Graveyard qui atteindra la place de numéro 1 du top 50 national, le Sverigetopplistan. De quoi susciter énormément d'attente concernant la suite, qui débarquera à peine un an plus tard avec la même formation.

Quand l'émotion devient passion

C'est peu de dire que Lights Out ne parvient pas à rejoindre les sommets atteints par son prédécesseur. Pourtant, il possède en son sein un titre se hissant sur les sommets de la discographie des Suédois. Placé en seconde position sur la tracklist, Slow Motion Countdown prend l'auditeur par la main en son début avec un rythme posé, une batterie très suave en fond, un clavier qui soutient le riff et la voix chaude de Joakim Nilsson pour nous bercer. On est sur une espèce de ballade un brin vitaminée qui prend le temps de construire son aventure. C'est d'ailleurs ce qui en fait, pour moi, une chanson formidable.

On sent poindre le petit détail qui fera la différence avec l'apparition des cordes sur le refrain. En arrière plan, ces instruments ajoutent une touche d'émotion au titre qui ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Si le quatuor décide de baisser le pied pour un nouveau couplet, c'est pour mieux faire retomber la pression, et ainsi mieux nous prendre par la main avant l'explosion finale qui arrive à 4:30 avec ces paroles :

Oh, wasn't it a long way down
Long way down

Le cri de Nilsson sur ces deux lignes est déchirant. Il est soutenu par une instrumentation solide avant qu'il ne reprenne classiquement sur la fin du refrain avec ce petit lick de guitare simple mais efficace. À ce moment là, il m'est impossible de rester de marbre. Mon cerveau m'ordonne d'hurler la fin de la chanson tout en étant pris d'une pulsion de chef d'orchestre pour chorégraphier les violons en fond qui apportent tout ce qu'il faut de puissance à cette fin.

Et puis, les dernières 30 secondes sont pour les instruments. Fiers, bruyants, prenants, ils terminent de vous attraper les tripes et le cœur. Toute cette dernière partie respire le déchirement, la tristesse. La première écoute n'est pas différente de la dixième qui n'est pas différente de la centième. À chaque fois, l'émotion me gagne et le morceau m'emmène dans son univers. Si Graveyard est devenu incontournable chez les fans avec Hisingen Blues, c'est bien cette piste qui terminera de me convaincre qu'il y a un quelque chose de magique chez ces quatre Suédois. Un passage tout tracé vers leur univers grandiose, qui ne me quitte plus depuis.

Lights out.jpg
Graveyard
"Lights Out"