Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui la fait surnager au-dessus des autres.
Découvert au détour d'un concert au Hellfest 2019 et bien vendu par certains collègues de Soundbather, Brutus est un trio flamand dont l'album Nest a vite trouvé une place au milieu de mes playlists d'écoute. Sorti en 2019, le disque propose un post-hardcore aussi énergique que brumeux, dont ressortent des émotions allant de la mélancolie à la tristesse en passant par la colère.
La batterie fait preuve d'une sérieuse dynamique pendant que la basse, bien en avant, propose un jeu plein d'accords. La guitare quant à elle use et abuse de la reverb et de la pédale chorus, pour un rendu clair dans nos oreilles, le mixage étant très soigné. Chose plutôt rare dans les formations de la scène, la chanteuse se trouve derrière les fûts et les cymbales. Malgré toutes les perturbations qu'exige la percussion, son chant tourmenté demeure propre, même en live.
Tourmentée, la musique l'est aussi sur Nest, mais pas dans son entièreté. Au milieu des 11 titres et 40 minutes de l'album, se trouvent des moments de calme comme par exemple Space. Ailleurs, un autre passage sent l'espoir, véritable respiration qui me remplit de joie à chaque écoute. Il se trouve au milieu du morceau Techno, le 4ème du disque, qui pour moi semble évoquer une âme tiraillée avant de saisir sa dernière chance pour s'envoler vers de plus grandes ambitions.
“This is my last chance”
Le morceau débute par un rythme presque martial avec une caisse claire martelant le tempo, puis enchaîne avec un couplet où Stephanie Mannaerts nous implore avec sa puissante voix pendant que Stijn Vanhoegaerden utilise à fond le tremolo picking avec sa guitare. Alors que la première moitié du morceau finit, bien énervée avec ces deux sections, l’intensité de la chanson va baisser d’un coup.
Après être revenu sur le groove de départ, le groupe devient intimiste, à 1:54 précisément : la batterie se fait beaucoup plus sensible, discrète, la snare devenant bien plus douce qu’avant. La six-cordes passe en clean et nous envoie une mélodie envoûtante, chaleureuse et emplie d’amour, alors que Peter Mulders revient imposer le groove si particulier à la basse, mais moins agressivement.
En même temps que la basse, la voix de Stephanie arrive dans nos oreilles, plus douce et apaisée que jamais. Pleine d'espoir, presque souriante, elle exprime son souhait qui nous donne envie de la suivre. Une seconde voix vient doubler les paroles peu de temps après, ajoutant une autre mélodie par-dessus les chaleureux arpèges de la guitare, alors que la batterie intensifie subtilement son jeu. On se retrouve dans une plage hors du temps, à rêver avec Stephanie d'un hypothétique futur. Ce songe est de ceux dont on ne souhaite pas se réveiller : l'espoir est si beau qu'on ne veut pas retourner à une réalité qui pourrait le briser. On en viendrait presque à créer une boucle de ce passage pour baigner dans cette ambiance, tant elle est réconfortante.
Pourtant, la réalité nous rattrape bien à 2:39, le lourd post-hardcore revenant nous sortir brusquement de notre rêverie. Pour citer - avec un petit écart - un grand philosophe, "lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos songes". Désormais, c'est à nous de lutter pour obtenir le fruit de nos efforts.
On retrouve rapidement, grâce à la basse, les émotions du passage de 3:18 à 3:29, dans le climax du titre. Mais ce qui nous aura lancé et motivé, ce sera bien le passage de 1:54 à 2:39, utopie qui ne demandera qu'à se réaliser si on force autant que cette section est belle et inspirante.
Brutus
"Nest"
- Date de sortie : 29/03/2019
- Label : Sargent House
- Genres : Post-Rock, Post-Hardcore
- Origine : Belgique
- Site : http://www.wearebrutus.com/