Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui les fait surnager au-dessus des autres.
Imaginez la ville de Los Angeles à feu et à sang. Des émeutes secouent les quartiers les plus populaires, une révolte globale gronde contre la corruption policière. Celle-ci a gracié plusieurs officiers, responsables de la mort d’un afro-américain qui fut passé à tabac suite à un excès de vitesse. Une administration républicaine, discriminante et laissant les catégories sociales les plus pauvres dans leur misère, sera le déclencheur des plus importantes émeutes que connaîtront les États-Unis.
Tout cela pourrait sonner comme l’actualité récurrente depuis 2020 et la pandémie. Pourtant, ces nouvelles datent de 1992, contexte dans lequel le groupe californien Rage Against The Machine sortira son premier album. Avec ces hymnes qu'une génération érigera comme portes étendards de la résistance contre les actions gouvernementales de la fin des années 90, l'éponyme du groupe retournera la scène et est devenu un des disques les plus influents de l'industrie musicale.
Aujourd’hui, rien de bien nouveau sous les pavés, vu la boucle perpétuelle que répète notre société depuis 30 ans. Nous enfonçons les pieds dans la fourmilière pour parler d’un des plus célèbres break de la décennie 90 avec le morceau Bullet In The Head.
They say jump, you say, how high?
Si ce morceau est un des plus connus de la discographie de la bande du DJ guitariste, ce n’est pas pour rien. Une intro calme, la basse de Tim Commerford vient poser les fondations d’une atmosphère prête à exploser, Tom Morello s’amusant à scratcher sur le rythme de la batterie de Brad Wilk pour accompagner le rap de Zack de la Rocha, se moquant de ceux qui suivent nos "bienfaiteurs" sans poser de questions.
“Ils te disent de sauter, tu leur demande à quelle hauteur ?” est le début d’un des nombreux refrains que le groupe a scandé pour montrer leur désaccord contre la fameuse machine du capitalisme. Mais la force du morceau réside dans son break libérant les tensions pour s’éclater la nuque sur les boucliers des forces policières.
Après plusieurs refrains pour bien faire rentrer en tête la fameuse balle dégainée par le groupe, les instruments se calment pour repartir sur un rythme plus lent, accélérant la tension ressentie. Celle-ci explosera à 3min05, quand la cymbale de la batterie laissera place au reste du kit pour suivre le riff libérateur de la guitare lancé par Zack et son cri de dégoût envers les institutions.
Ce passage ne dure que 20 secondes, mais il suffit pour libérer notre colère, emmagasinée depuis le début du morceau. C’est la parfaite illustration sonore d’une énergie et rage folle envers les responsables de notre misère.
Rien n’est plus d’actualité que de vous partager un morceau de Rage Against The Machine. La morosité qui envahit notre quotidien depuis plusieurs mois nous prouve l’obligation d’utiliser le quatrième art comme outil de révolte, que ce soit par des actions concrètes comme pour simplement s’évader en musique loin des tréfonds que représente le fil constant de mauvaises nouvelles.
Résistez, et n’oubliez pas que même dans les moments les plus sombres, la musique restera la meilleure des échappées.
