Le Passage : My Sleeping Karma - Prema

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui les fait surnager au-dessus des autres.

Quelques notes, c’est pas grand chose. C’est généralement suffisant pour planter le décor et lancer une chanson. C’est assez pour poser un riff et donner le tempo sur lequel le public devra onduler pendant quelques minutes. Mais quelques notes, c’est aussi ce qui peut vous transporter dans un autre temps, une autre époque, un autre espace. C’est ce qui peut faire ressurgir un souvenir, une émotion et vous rappeler à ce qui vous lie aux êtres dont vous êtes les plus proches.

My Sleeping Karma est une formation qui n’a pas eu la vie facile ces dernières années. Alors que la genèse de leur sixième album avait déjà lieu dans la douleur, le quatuor allemand a dû composer avec : la perte d’un studio, un déménagement, une pandémie mondiale et le diagnostic pour un de ses membres d'une maladie grave.

Pour ma part, j’ai découvert les Karma Guys à l’approche du Hellfest 2019. À l'époque, encore novice en musique fuzzée, l’énergie positive et hyper communicative des Aschaffenbourgeois m’a procuré une première expérience live forte avec le genre. C’est malheureusement à l’issue de cette prestation que le groupe entra dans un premier hiatus le temps de permettre à Steffen Weigand de se battre contre le cancer.

Il faudra attendre plus de deux ans pour voir My Sleeping Karma remonter sur les planches pour une série de concerts dont un passage remarqué au DesertFest d’Anvers 2021. Festival au cours duquel j’ai rencontré une grande partie des personnes avec lesquelles je suis le plus proche aujourd’hui.

C’est enfin lors de l’été 2022 qu’Atma, sixième album des Allemands paraît. Néanmoins ils n’auront que trois occasions de le défendre en live avant d’entrer dans un second hiatus. En effet, le groupe annonce en interview, peu avant son concert à l’Alcatraz Open Air 2022, que Steffen Weigand est en pleine rechute. Un avant-dernier concert extrêmement chargé en émotion auquel j’ai pu assister depuis la barrière et lors duquel j’ai pu me faire souffler par la présence de Prema dans la setlist.

Malheureusement, le 13 juin 2023, Steffen Weigand nous quitte au terme d’une longue bataille et laisse instantanément un grand vide au sein du groupe, de la scène et du public. Car si vous avez pu avoir la chance d’assister à un des concerts de My Sleeping Karma, alors vous savez que ce n’est pas un simple moment de communion qui apparaît mais une réelle connexion qui s’établit entre la scène et la fosse à travers leur musique.

Cependant, l’espoir renaît le 26 septembre 2024 avec l’annonce que My Sleeping Karma va de nouveau se produire sur scène avec un nouveau batteur issu de leur entourage. Si les revoir monter sur la scène du Rock In Bourlon 2025, accompagnés d’une petite bougie, fut un instant à la fois bouleversant et réconfortant… Il manquait malgré tout quelque chose.

Quelque chose comme un lieu particulier. Un lieu où tant de choses ont commencé pour moi, un lieu comme le Desertfest d’Anvers. Malgré une setlist qui s’annonçait comme identique à celle de Bourlon, induisant presque une certaine lassitude, il arriva un moment où mon cœur manqua un battement. Un morceau dont j’avais fait le deuil, qui ne figurait pas dans mes attentes et qui pourtant s’apprêtait à m’exploser au visage.

Ainsi, quand les premières notes de Prema ont retenti dans la grande salle du Trix d’Anvers le 19 octobre 2025, je n’étais plus seulement là. J’étais aussi à Bourlon le 29 juin, à Courtrai le 12 août 2022, à Clisson le 21 juin 2019 et dans la même salle le 15 octobre 2021. Devant Seppi, Norman, Matte, André et Steffen, entouré de mes amis, qu’ils soient dans la salle ou aux six coins de la France.

Tous réunis dans ces quelques arpèges prêts à boucler pendant huit minutes et à me bouleverser dans un torrent de souvenirs, d’émotions, de larmes et d’amour. Toutes ces choses qui nous lient les uns aux autres et que quelques notes seulement peuvent suffire à convoquer à travers le temps et l’espace. Merci My Sleeping Karma de nous accompagner depuis toutes ces années. Merci d’entretenir ce pont.

Restons connectés aux êtres qui nous sont chers, chérissons les moments passés ensemble.

Faisons en sorte qu’ils soient toujours avec nous même quand ils ne le seront plus.

Cette chronique est dédiée à Steffen Weigand.