Le Passage n°20 : Kimbra - Plain Gold Ring (Live at Sing Sing Studios)

S'envoler.

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui les fait surnager au-dessus des autres.

Kimbra est une artiste complète. Autrice, compositrice, productrice, chanteuse, elle possède une palette suffisamment grande pour enregistrer et sortir un album seule si elle le souhaite. Pourtant, il y a de fortes chances pour qu'elle ne soit pour vous que le simple mais talentueux featuring du hit mondial de Gotye Somebody That I Used To Know. Et ce seulement dans le cas où vous ayez retenu son nom. Mais si vous avez passé le rideau qu'est ce single pour explorer les œuvres de la chanteuse Néo-Zélandaise, peut-être avez-vous trouvé les trésors qu'elle a caché derrière elle.

Le bijou qu'est l'album Vows, mélangeant jazz, soul, pop et indie vous a possiblement émerveillé. Ou peut-être que ses successeurs, The Golden Echo et Primal Heart, ont eu votre préférence avec leur versant plus electro-pop.

Mais. Avez-vous écouté Kimbra performer ? L'avez-vous vue ou entendue adapter ses chansons pour la scène ? La musicienne s'y dépasse, ajoutant une dose d'extravagance à ses titres et exprimant leurs messages avec une force qu'on ne peut que saluer, qu'importe notre avis sur ses compositions. L'autrice s'adonne souvent à l'improvisation, avec un succès variable selon les points de vue. Sa voix va tantôt partir plus haut, plus bas, s'envoler ou faire des acrobaties avec les notes. Mais que ça fonctionne ou non, il y a à chaque fois une volonté derrière, un effet recherché, une réaction espérée. Kimbra tente, explore et s'aventure en concert et c'est quelque chose qui fait toujours plaisir à voir et entendre.

Le morceau auquel est dédié ce passage est un peu particulier puisqu'il s'agit d'une reprise, et pas de n'importe qui. Plain Gold Ring est un titre originellement enregistré en 1957 par une des plus grandes voix du jazz : Nina Simone. Ayant une formation jazz / soul, Kimbra l'a adapté à sa manière en 2011 sur Vows. Morceau calme à l'ambiance feutrée et entourée de mystère, il va devenir tout autre chose en live.

Sur cette version enregistrée aux Studios de Sing Sing, la Néo-Zélandaise va beaucoup plus jouer avec sa voix et l'instrumentation sur la majorité du morceau. Les boucles et les couches de ses paroles s'empilent à la perfection, alors que la chanteuse mime les notes de sa voix avec ses bras, maniérisme si particulier lui étant caractéristique. Ensuite, et c'est ça qui nous intéresse, la fin diffère totalement, devenant presque l'antithèse de la version studio qui se finit calmement sur une répétition des paroles "Plain gold ring on his finger he wore".

À partir de 3:37, alors que Kimbra répète cette phrase pour ce qui semble être la dernière fois et paraît refermer ainsi le morceau, tout se déchaîne. Les instruments, jusqu'ici discrets et en retrait, perdent toute retenue et jouent bien plus fort que ce à quoi on pouvait penser. Mais surtout, la chanteuse s'envole. Sa voix, jusque-là calme, mesurée, passe de mezzo forte à fortissimo. Les notes vont chercher plus haut dans son registre, plus loin dans son coffre. Si loin que toutes chaînes se défont et Kimbra part dans une improvisation freestyle / scat aussi soudaine qu'étrangement adéquate, emportée par le torrent d'émotions et nous submergeant avec elle.

Puis, tout s'arrête d'un coup, aussi abruptement que tout a commencé. Un dernier "Plain gold ring on his finger he wore", de nouveau doux, et tout est plié. Nous sommes à 4:31 et tout est fini. La tempête a été foudroyante, intense, et pour moi, jouissive. Si j'avais des cheveux ils auraient été décoiffés par un tel final. Ces moments où des artistes vous surprennent au détour d'un coin de rue jusqu'ici calme pour vous emmener sur la plus belle des routes panoramiques sont parmi les plus forts à vivre. Cette version live de Plain Gold Ring était faite de cette trempe pour moi, tout simplement.

DélicatesseIndice de la douceur de l'album. 1/5 : l'album est assez sec. 5/5 : l'album est un champ de coton
ClartéL'album est superbement produit, le son est de velour et vous donne envie de jouir, 5 sur 5. Si au contraire, l'album est produit avec des jouets toys'r'us; et donne envie à vos oreilles de saigner de s'autoflageller avec un port jack de 1.5m, alors 1 sur 5
FluiditéA quel point l'album est digeste sur la durée de l'écoute. 1/5 : Chaque note parait plus longue que la précédente. Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose 5/5 : L'album s'écoute facilement, le temps passe vite
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain