Le Passage n°23 : KC & The Sunshine Band - Give It Up

There's only one team in Edinburgh

Au fil de nos écoutes, certains albums et certaines pistes parviennent à capter notre attention. Des morceaux qui reviennent régulièrement dans nos playlists, nos oreilles, pour combler les moments creux ou tout simplement nous faire du bien. Dans Le Passage, nous revenons sur ces chansons qui rentrent dans notre panthéon, grâce à une partie qui les fait surnager au-dessus des autres.

Nous avons toutes et tous des chansons gravées dans notre mémoire, associées à des moments bien spécifiques. Cela peut sublimer un morceau comme le rendre inécoutable. Dans ce nouveau numéro du Passage, nous allons parler du premier cas de figure, qui sera couplé avec le sentiment de découverte. Il est néanmoins important d'apporter un brin de contexte avant de voyager dans la capitale écossaise.

Comme énormément de personnes sur cette planète, j'adore le football. Je suis tombé dedans étant petit, la faute à un père lui-même passionné et impliqué dans des clubs de la région lyonnaise. Taper dans une balle ronde m'a toujours plu et en grandissant, regarder des affrontements à 11 contre 11 m'a apporté de la joie, de la peine, du stress, de la colère, toute une myriade d'émotions et de sentiments que je partage avec d'autres aficionados du ballon rond.

Afin de cimenter mon amour de ce sport, mon club de cœur, l'Olympique Lyonnais, a connu une période de gloire en même temps que je poursuivais ma croissance. Un terrain propice au développement de mon amour pour le football, suivre des équipes qui gagnent étant toujours plus agréable. Cette période aura duré une grosse partie de la première décennie du siècle actuel, laissant place à une période moins fastueuse au gré de mauvaises décisions. En parallèle du football "réel", mon amour du ballon rond s'est également fait par les sorties de Pro Evolution Soccer, puis FIFA, deux franchises de jeux vidéo qui ont aspiré énormément d'heures de ma vie, sans regret. Dire qu'à l'époque je ne connaissais pas encore le chronophage Football Manager...

Nous arrivons autour de 2006 quand un certain Benoit, ami de mon grand frère, débarque à la maison familiale afin de jouer à FIFA. Lui viendra l'idée de créer une sorte de tournoi avec des équipes dites modestes à contrario d'équipes évoluant dans le top 5 des championnats en Europe et étant plus fortes. De part sa passion pour le Celtic FC, club de Glasgow en Écosse, il lui viendra l'idée de rajouter une équipe venant d'Alba et son choix se portera sur Hearts. Depuis ce jour-là, mon cerveau sera matrixé par un logo en forme de cœur et des maillots bordeaux du plus bel effet.

Me voilà donc affublé d'une deuxième passion, irrationnelle, autour d'un club de football basé à Édimbourg, alors que je n'ai aucun lien avec l'Écosse. De quoi me pousser à tenter de regarder des matchs sur mon ordinateur personnel, à m'informer au plus possible de l'actualité du club et à devenir un fan à part entière des "Jambos" (surnom du club). Tout ceci me pousse à créer un compte Twitter dédié ainsi que d'être, avec près de 9000 autres personnes, propriétaire du club. Mais avant de partir dans trop de déballage d'informations inutiles, revenons au sujet du jour et pour cela, on va aller à Hampden Park le 19 mai 2012.

Finale de rêve

En ce dimanche de mai, le stade glaswégien reçoit la finale de la coupe nationale : la Scottish Cup. Pour la première fois depuis 1896, l'affiche oppose les deux clubs majeurs de la capitale, Hibernian et Hearts. Quelque chose d'historique donc surtout qu'en coulisses, Hearts est dans une crise financière velue, causée par la banqueroute de son propriétaire Vladimir Romanov. Une instabilité qui plane forcément, sauf que les supporters verraient d'un bon œil une victoire, qui plus est contre le rival honni.

Personne n'aurait pu prédire un tel scénario. Hearts l'emportera 5-1 avec un doublé du milieu Tchèque Rudi Skacel, véritable légende du club qui offre pour son dernier match en "Maroon" un trophée et une humiliation à son rival. Une journée rentrée dans la légende du club et pour moi, une immense frustration qui aura duré des années. Car voyez-vous, au moment des buts des "Jambos", les enceintes du stade font résonner une chanson reprise en chœur par les supporters. Sauf qu'au lieu de chanter les vraies paroles, elles sont détournées pour y intégrer le nom de l'entraîneur du moment, un certain Paulo Sergio.

Des années durant, il m'était impossible de retrouver la chanson originale associée à ce chant de supporter devenu mythique. Une longue quête ayant pris fin, un jour, sur Twitter, au gré de tweets défilant sur ma timeline. Il était là, ce titre, ce morceau, ce refrain !

Na-na, na-na, na-na, na-na, na, na, now
Baby, give it up
Give it up
Baby, give it up

Un soulagement de pouvoir enfin associer des paroles à une musique et mes aïeux, quelle musique ! Un titre funk, disco, entraînant, parfait pour mes écoutes estivales et pour mes playlists consacrées à ces styles de musique. La ligne de basse possède un groove redoutable, bien aidé par les licks de guitares et les cuivres apportant un côté sautillant parfait. Il est difficile de rester de marbre sur un tel morceau et le refrain, aux paroles simples, reste en tête et est facilement chantable. Un hymne dont on comprend pourquoi il a été détourné par les supporters de Hearts. Mais depuis ce 19 mai 2012, il est associé au technicien Portugais ayant apporté la huitième coupe d'Ecosse aux Jambos. De quoi marier deux univers qui me sont chers : le football et le disco. Comme quoi, le sport est capable du pire... mais surtout du meilleur.

All in a Night's Work
KC and The Sunshine Band
"All in a Night's Work"