Limp Bizkit - Still Sucks

Limp Bizkit Style

En temps normal pour Halloween, ce sont les morts-vivants qui effectuent leur retour. Remarquez, vu le groupe au cœur de cette chronique, on peut décemment se demander si on ne reste pas dans le thème. Au cours d'une année 2021 qui ne cesse de nous surprendre, Limp Bizkit sort un nouvel album, sept ans après Endless Slaughter, le dernier titre produit par les Floridiens. Et quand on voit ce qui est sorti, notamment dans la scène Metalcore, on se dit qu'il n'est pas illogique de revoir la bande à Fred Durst sur le devant de la scène.

Il faut dire que ce fut une conception compliquée. En 2012, on pensait le quintette, devenu quatuor pendant un temps suite au départ de DJ Lethal, prêt à sortir le successeur de Gold Cobra suite à sa signature sur le label Cash Money Records qui comptait en son sein Nicki Minaj, Drake ou encore Lil' Wayne. Ce dernier sera d'ailleurs en featuring sur le titre Ready To Go, premier single d'un Stampede Of The Disco Elephants, censé être le sixième album de leur discographie, enregistré en 2013 avec Ross Robinson. Le producteur de leur premier album Three Dollar Bill Y'all (1997), ainsi que de l'EP The Unquestionnable Truth (Part 1) sorti lui en 2005. Sauf que le sixième disque de la discographie n'arrivera jamais. Trois autres titres verront pourtant le jour, mais rien de concret ne sera offert aux fans. À tel point qu'en octobre 2014, Limp Bizquitte son label pour redevenir indépendant. Un coup d'épée dans l'eau.

Malheureusement, Internet n'oublie jamais. Tel un Chinese Democracy ou le nouvel album de Tool, Stampede Of The Disco Elephants devient un running gag et on se demande s'il verra le jour. Surtout que Fred Durst n'est pas des plus efficaces quant à ses parties vocales. C'est Wes Borland, guitariste de Limp Bizkit, qui le dévoilait dans un podcast en juin dernier :

We've probably, in the last 10 years, been in the studio to try and complete the record, I wanna say, seven times, to different studios. And we've been working on stuff, working on stuff, working on stuff. And Fred [Durst] has been consistently kind of unsatisfied with where vision is, I guess...

Fatalement, on se disait que Limp Bizkit allait continuer sa carrière avec ses nombreuses tournées et cet héritage du Nü Metal longtemps conspué qui semble redevenir hype aux yeux des gens. Et puis, le 31 juillet 2021, à l'édition Chicago du festival Lollapalooza, enfin de la nouveauté. Un look de daron assumé et un nouveau titré diffusé dans les enceintes nommé Dad Vibes, en accord avec la dégaine de Fred Durst. Forcément, l'excitation des fans repartait de plus belle. Allait-on enfin avoir ce sixième album studio tant attendu depuis 2011 ?

Le groupe a joué avec la patience de ses fans, teasant des morceaux ou bien en diffusant des pistes en surprises de fin de concert. Jusqu'à arriver au mois d'octobre : le 19, Fred Durst s'est servi d'Instagram pour demander s'il était préférable de sortir des morceaux au compte-goutte ou bien l'album en entier. Évidemment, le vote fut en faveur de la seconde option, entraînant une annonce : Halloween. On aurait pu rester sur nos gardes et attendre une énième farce du leader de Limp Bizkit, ce fut finalement une friandise qui arriva le 31. Avec une pochette et un titre laissant poindre ce qu'on allait avoir dans nos oreilles.

12 chansons et 32 minutes de musique, voilà ce que le quintette nous a offert comme sucrerie. Il ne restait plus qu'à savoir si les saveurs étaient encore au rendez-vous. À ceci, je répondrai oui. Les deux premiers titres puent le Limp Bizkit pur jus avec un riff de Wes Borland d'un gras savoureux porté par un duo basse/batterie très solide. Pour les amateurs de leurs reprises, et malheureusement ils existent, les gars de Jacksonville se sont attaqués à Don't Change d'INXS.
On peut également trouver quelques instrus qui sentent bon le vieux hip-hop comme sur Snacky Poo ou Turn It Up, Bitch. On notera aussi le refrain très Nine Inch Nails de You Bring Out The Worst In Me ou même la "cover" de Nirvana sur Barnacle.

En se penchant sur les paroles, on peut noter que le "Biscuit Mou" s'est fait plaisir. Beaucoup d'autodérision se cache au long de l'album. Love The Hate en est un parfait exemple avec son premier couplet qui est un exercice d'auto-tacle avant que le second ne retourne la situation en s'attaquant aux gens qui n'assument pas d'écouter le groupe et ceux qui sont énervés que des personnes aiment bien écouter Limp Bizkit. Le tout joint par le refrain chanté par Fred Durst qui est sans équivoque.

Joke's on you
You missed one clue (We don't give a fuck)
From what I see
You always do

Tant qu'on parle de tacles gratuits, le sketch de Wes Borland à la fin de Snacky Poo est adressé aux journalistes posant toujours les mêmes questions à la formation floridienne. C'est d'ailleurs la raison de leur présence feutrée dans les médias, une certaine fatigue de ces interviews répétitives et creuses.

Tout n'est évidemment pas bon sur ce disque. En premier lieu, la reprise d'INXS est mollassonne mais elle possède le luxe de ne pas avoir de sonorités électro infâmes comme sur Behind Blue Eyes. Ensuite, Empty Hole est un titre oubliable, simplement composé d'une guitare sèche et d'un Fred Durst derrière le micro. Ne pensez pas que le frontman n'ait pas le droit à son petit morceau de douceur, néanmoins il n'est jamais à son avantage dans ce genre d'exercice. Enfin, sans aucun doute la faute de goût ultime : Goodbye. En clôture de ce disque, vous aurez droit à une espèce de mauvaise parodie de chanson de boys band de 1993. Nous sommes à deux doigts d'avoir des images mentales de Limp Bizkit en chemise blanche ouverte à faire des chorégraphies sur une plage de Floride. Non vraiment, un raté complet.

Si vous cherchez un disque d'une demi-heure, direct, avec de bons riffs, des paroles marrantes et un peu de groove, alors ce Still Sucks fera très bien l'affaire. Un peu comme si l'on retrouvait des Carambar oubliés dans une poche depuis quelques mois. On est agréablement surpris, on voit s'ils sont encore bons, on apprécie le goût en bouche, ça colle un peu aux dents et on l'a oublié de nouveau une fois avalé. Cet album est donc bien tombé en sortant le jour d'Halloween. Fort heureusement, les fantômes du passé restent bien accueillants. Et toujours avec une casquette à l'envers sur la tête.

EfficacitéLa capacité de l'album à capter et maintenir l'attention de l'auditeur. 1/5 : Vous écoutez l'album d'une oreille 5/5 : L'album vous jette des étoiles dans les yeux et retient toute votre attention
DéfouloirIndice sur l'envie de se défouler que l'on ressent en écoutant l'album. 1/5 : album plutôt tranquille, reposant et serein. 5/5 : album rempli d'énergie on a envie de sauter partout et de rentrer dans le moshpit
RiffingIndice de la qualité technique. 1/5 : Bof bof, même votre petit frère ferait mieux. 5/5 : Ok Steve Vai, on te laisse faire
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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Limp Bizkit
"Still Sucks"