Dans l’obscurité la plus totale où le silence règne, une fumée épaisse teintée de rouge inonde peu à peu le lieu. En son coeur, un groupe d’individus aux visages masqués et vêtus de bures noires s’avance. Les premières notes retentissent accompagnées par une voix angélique et possédée. Non ce n'est pas la description d'une cérémonie religieuse - quoi que … Mais bien un concert du groupe Sleep Token.
Les londoniens anonymes se présentent comme des adorateurs d’une divinité appelée Sleep à laquelle chaque chanson de l’opus est une forme d'offrande. L’image religieuse du groupe, l’identité des membres gardée secrète, les visages masqués et les paroles équivoques pourraient faire penser à un Ghost au rabais mais il n’en est rien.
Il est très difficile de restreindre Sleep Token à un seul genre musical. Le groupe lui-même s’en défend en interview en affirmant l’importance de la musique et non leurs références pour la composer, mais on ne peut que penser à NIN sur la chanson Gods ou à Coldplay sur Dark Signs.
Le groupe nous livre une musique mélangeant du rock alternative, de l'électro et du métal prog (parfois djent) avec une pointe de pop. Avec tous ces genres l’on pourrait penser l’album brouillon et fourre-tout mais il n’en est rien. Tout est maîtrisé et reste très accessible.
Ce qui frappe à la première écoute, autant que la multiplicité des genres musicaux, c’est bien la voix de Vessel - pseudonyme du membre fondateur. Toujours sur le fil, son interprétation oscille entre fragilité délicate et douleur profonde. A ceux qui aiment les voix d’hommes capables de partir dans des aigus célestes comme peuvent le faire un Dralms ou un Hozier, ou au contraire des timbres graves plein de rage comme ceux de Trent Reznor (Nine Inch Nails) ou de Maynard James Keenan (Tool), il y a tout ce qu'il faut dans ce douze titres pour faire son bonheur.
Le projet semble à première vue proche de l'occultisme et provoque une sensation de mal-être qui se retrouve à la fois dans la pochette épurée et dans le titre de l'album.
Le sundowning est un trouble du comportement qui peut apparaître au coucher du soleil chez les personnes souffrant d'Alzheimer ou de démence.
Pour certains, ce moment de la journée est signe de beauté mais pour eux c’est une souffrance quotidienne. Cette dualité résume en tout point cet album : un crépuscule destructeur et créatif. Lors de la campagne de promotion pré-sortie d’album, une chanson était publiée toutes les deux semaines à la tombée de la nuit comme une bande originale qui accompagne la mort de la journée pour faire place à l'obscurité.
Au cours des 54 minutes d'écoute, deux titres se démarquent particulièrement par leur mélange parfait entre du Trent Reznor (NIN) et du Chris Martin (Coldplay) : Higher et The Offering.
L'album n'a aucune faiblesse ? Malheureusement .... SI. Autant une chanson est capable de toucher son auditeur en plein coeur par ses paroles et donner des frissons, autant elle est capable de faire grincer des dents par un seul élément : le fade out. Cette “méthode de fainéant” qui consiste à réduire peu à peu le son de la fin d'une chanson donne un sentiment amer à l'oreille. Une sensation d'inachevée et qui est capable de faire hurler au scandale les plus perfectionnistes des mélomanes. Et justement, The Offering est à la fois la meilleure track de l'album mais en même temps la pire en raison de sa fin bâclée. Un vrai gâchis...
Sundowing est pour moi un véritable coup de coeur tardif - étant sorti en novembre 2019 et resté à tort dans ma liste “à écouter plus tard”. Une voix pop accompagnée dans les profondeurs par un piano et une basse extrêmement lourde, il ne m’en fallait pas plus pour adorer l’album dès la première écoute. Cher auditeur, on met Sleep et on saute dans le bain.
La QV (Question Vinyle)
Plusieurs versions de l’abum sont disponibles :
- une édition 2 LP transparente disponible sur le store officiel du groupe (pas de quantité limitée indiquée) ;
- une édition silver disponible sur le stand en live (donc pas pour tout de suite) et proposé par le site EMP (sold out à l’heure actuelle) ;
- une box comprenant un vinyle blanc limité à 500 copies dans le monde, les deux premiers EP en version originale et en version remasterisée couleur, un livre photo et les 12 visuels correspondants à chaque chanson de l’album pour la modique somme de 140€ (ah oui quand même ...) disponible uniquement sur le site du label Spinefarm Records.
Sleep Token
"Sundowning"
- Date de sortie : 22/11/2019
- Label : Spinefarm Records
- Genres : Metal Prog, Rock Alternatif, Djent
- Durée : 0:54:00
- Origine : Royaume-Uni
- Site : https://www.sleep-token.com