The Socks - The Socks

Quand derrière l'or se cache les regrets

Quand on écoute de la musique, il est rare de ne ressentir aucune émotion. On recherche évidemment la joie, l'allégresse, le plaisir mais il peut arriver qu'on soit face à de la déception, de la colère ou bien même des regrets. Ces derniers m'animent depuis maintenant 6 ans et la sortie du premier et seul album du quatuor Lyonnais : The Socks. Pourquoi me direz-vous ? Suivez le guide.

Nous avons tous connu des personnes proches qui se décident à monter un groupe. Il arrive même que l'on devienne une des personnes de ladite formation. L'ambition reste la même : prendre du plaisir et pourquoi pas vivre de sa passion. C'est dans ce contexte que votre serviteur se trouve au début de la précédente décennie. Aidé par un grand frère présent dans le milieu associatif local, il côtoie les entités musicales qui naissent, répètent, tournent dans les salles de la région Lyonnaise. Parmi elles, un quatuor du nom de The Socks. Jessy à la batterie, Nicolas à la guitare & aux claviers, Vincent à la basse et enfin Julien à la guitare et au chant. Deux EP (Side A en 2011 et Bedrock EP en 2012) permettent de voir le potentiel créatif des quatre amis.

Si The Socks joue un rock plutôt adolescent sur Side A, l'EP suivant, Bedrock, laisse poindre une évolution plus sombre au niveau du son et des intentions. Le quatuor est tombé dans Black Sabbath et toutes ces joyeusetés stoner/doom. On peut également aussi noter une envie plus Pop sur certains refrains, notamment Magic Rays. Un EP 6 titres qui va leur faire prendre une petite réputation dans la région et même taper dans l'oeil d'un label plutôt coté dans le monde du Stoner : Small Stone Records. Pour ceux qui ne connaitraient pas, leur catalogue compte, entre autres, Wo Fat, Sons of Otis, Abrahma, Lo-Pan ou encore Greenleaf. Une belle écurie pour les aider à sortir et diffuser leur premier album.

Deux ans après Bedrock EP, The Socks sort donc un LP éponyme à la pochette magnifique. Cependant, le plus important n'est pas le dessin, mais la musique. On se retrouve sur 42 minutes d'un stoner rock influencé par les années 70. Une patte sonore qu'un groupe comme Graveyard ne renierait pas. Mais n'imaginez pas que les Lyonnais se sont contentés de faire de la copie : ils parviennent en plusieurs petits points à se démarquer de la masse.

Ce qui frappe d'entrée c'est la voix puissante de Julien. Tantôt douce, tantôt rauque, il parvient à transmettre la parfaite émotion sur chaque titre. L'ouverture, Lords Of Illusion, est une belle preuve de sa palette vocale. Cette chanson est une carte postale de ce que va nous proposer le quatuor sur le disque. Riffs puissants, changements de rythmes, orgue savamment utilisé, son fuzzé comme on l'aime. C'est une belle gifle qui s'enchaîne avec ce qui a servi de single : Some Kind Of Sorcery. Une chanson au rythme endiablé qui ne laisse pas de choix à votre nuque : headbang ou rien. Ce petit jeu dure jusqu'au pont, se ralentissant pour presque verser dans le doom, tout en gardant une pointe de psychédélisme bienvenu. La c'est tout votre corps qui se balance, entrainé par la musique shamanique profanée par The Socks.

Tout bon album se doit de débuter par un titre fort, mais il se doit de terminer sur une piste incroyable, chose faite avec The Last Dragon. Une piste lancinante qui met un gros coup de collier sur ses refrains intenses. Le vrai coup de maître réside en ce pont uniquement au Mellotron. Cet orgue particulier au son si doux va venir pendant près de deux minutes vous susurrer des mots d'amour au creux de l'oreille. Une idée simple, mais parfaitement réalisée qui permet une montée en puissance folle pour la fin du morceau. S'il ne vous vient pas l'envie de chevaucher votre destrier et d'aller tuer du dragon avec ce titre, je ne peux plus rien faire pour vous.

Vous l'aurez compris, je voue un amour tout particulier à ce disque, il le mérite bien. Il est néanmoins accompagné d'un sentiment de regret incommensurable. En avril 2015, le groupe annonce son changement de nom pour Sunder. Avec lui, une double signature chez Crusher Records pour l'Europe & Tee Pee Records pour les Etats-Unis. Les sonorités stoner sont remplacés par le psychédélisme et les années 60 prennent le pas dans les compositions. Un album, éponyme, viendra fêter tout ça en fin d'année, dont on parlera sur le site si vous êtes sages. Et si cette sortie est une réussite musicale, il n'en sera pas de même pour le succès du groupe, malgré quelques beaux concerts avec Radio Moscow ou encore Earthless. Fin 2017, le groupe ne donne plus signe de vie, les membres s'en iront dans divers projets annexes.

En écoutant cet album, je ne peux m'arrêter de penser qu'ils avaient une vraie carte à jouer dans cette scène stoner qui connaissait une vraie explosion. Il est toujours difficile de sortir du lot, mais entre la voix de Julien, le jeu de batterie de Jessy et les idées de riffs, The Socks avait de quoi faire une belle carrière. Ils ont eu l'occasion de tourner avec Kadavar et même d'évoluer à l'Up In Smoke en Suisse. L'appui de Small Stone Records aurait pu les faire exploser, mais ils en ont décidé autrement. Je ne suis pas ici pour juger ou critiquer leur choix. Il serait malvenu de ma part de faire ça. En revanche, j'avais énormément envie de vous parler de ce quatuor et de leur unique LP sous le nom de The Socks. Une pépite qui mérite de tourner dans toutes les oreilles des passionnés de Stoner et même de Rock au sens large.

RiffingIndice de la qualité technique. 1/5 : Bof bof, même votre petit frère ferait mieux. 5/5 : Ok Steve Vai, on te laisse faire
PsychédélismeIndice sur le côté psyché de l'album. 1/5 : On est dans le concret, le dur. 5/5 : vous voyez des couleurs défiler devant vos yeux et la musique vous propose un voyage initiatique en vous-même
TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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The Socks
"The Socks"