Tunng - Love You All Over Again

Bulle de calme

La vie est jalonnée de périodes transitoires effrayantes. Les rentrées scolaires successives, parfois synonyme de changement d’établissement voire de ville, les déménagements ou les changements d’emploi sont des moments où en quelques jours votre vie change du tout au tout. Votre rythme quotidien, les lieux que vous fréquentez et surtout les personnes qui vous entourent.

Ces moments, paradoxalement teintés autant d’impatience que d’appréhension, j’en ai récemment traversé un, et un disque m’a aidé à faire la passerelle entre deux étapes de ma vie. Arrivé dans mes oreilles grâce à la grande loterie des suggestions algorithmiques, le dernier album de Tunng est venu bercer de sa mélancolique dilettante les dernières semaines d’une période creuse avant un grand saut dans l’inconnu.

Mélange de folk et d’electronica, la musique des Londoniens est très fournie en éléments divers pour finalement proposer un cocktail visant à cajoler son auditoire. De la guitare acoustique, des bois et un chant toujours repris à plusieurs voix forment le socle folk de leur son. S’ajoutent à celà une multitude d’éléments électroniques : une boîte à rythme, des basses bien synthétiques, des nappes de synthétiseurs et une myriades de petits glitchs sonores pour venir vous titiller les oreilles.

Le curseur de quel spectre prendra le dessus sur l’autre viendra ensuite s’ajuster différemment selon les titres de ce Love You All Over Again. Par exemple, passé l’intro de Deep Underneath, les instruments se mettent plus en retrait pour évoluer au milieu d’une forêt de petits glitchs et de percussions artificielles. Au contraire de Levitate a Little qui vient prendre sa suite et qui, cette fois, semble 100% acoustique.

Mais il y a surtout un titre qui ne cesse de câliner mes oreilles depuis que je l’ai découvert et ce n’est autre que l’ouverture du disque : Everything Else. Son petit motif entêtant de cordes, associé à une structure particulière composée de très nombreux et très courts couplets, forment une construction qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. La rythmique bizarroïde s’allie à une forme de dialogue de sourd où des questions existentielles sont confrontées à des actions simples du quotidien. Le tout servi sur un lit de piano et de cuivres mélancoliques crée une ambiance hypnotique qui n’en finit pas de venir hanter mes pensées quand le silence se fait autour de moi.

Des petites bulles de calmes fort appréciables en cette période d’incertitude et d’actualités déprimantes à souhait, l’album en regorge. Une jolie réside d'ailleurs dans la quasi-interlude Drifting Memory Station. Piste instrumentale d’un peu plus de quatre minutes très simple où jamment ensemble guitare acoustique, bois percussions informatisées et quelques glitchs sur la seconde moitié du morceau. Pas besoin de montée en intensité, ni de surcharge d’éléments, juste quelques minutes de répit au centre d’un album qui n’a, de toute façon, pas vocation à vous malmener.

Don du ciel arrivé au bon moment dans mes écoutes grâce à la convergence du calendrier et des algorithmes, Love You All Over Again est une parenthèse poétique que votre attention mérite. S’il fait pour l’instant figure d’étoile filante dans le ciel d’une période particulière pour moi, j’ose espérer qu’il trouvera sa place dans le temps comme un vieux copain que l’on recroise régulièrement. Car si notre vie est segmentée de périodes indépendantes, c’est la façon dont nous entretenons nos relations aux autres qui tisse le fil rouge de notre existence. Que ce soit au travers d’amitiés continues ou de retrouvailles fortuites avec des connaissances de nos précédentes vies.

DélicatesseIndice de la douceur de l'album. 1/5 : l'album est assez sec. 5/5 : l'album est un champ de coton
TempératureIndice du mood général de l'album : 1/5 = froid, musique globalement maussade, négative, voire violente 5/5 = chaud, musique très joyeuse voire festive
Consigne du maître nageur :
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Slip de bain

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Tunng
"Love You All Over Again"