Bilan Soundbather 2021 - Partie 1

Première partie de la trilogie de bilan de l'équipe Soundbather. En guise d'amuse bouche, vous retrouverez les choix de Dark Platinum, Tolol & Coco. De quoi attaquer pour le mieux cette semaine spéciale tops 2021.

Dark_Platinum

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Bien que légèrement moins marquante que certaines années précédentes, 2021 fut tout de même une année remplie de nombreuses pépites.

Fidèle à moi-même, mon album le plus marquant de l’année est un album de black metal épique croisé avec du doom metal sur certains passages. Son nom : Trisagion, des anglais d’Ethereal Shroud. Chaque écoute apporte son lot de frissons tant la composition et l’esthétique sonore singulière de l’album transpirent de majestuosité. Niveau black metal, 2021 fut d’ailleurs un bon cru de manière générale avec les sorties de Spectral Wound, Fluisteraars, Panopticon, Forhist pour n’en citer que quelques-unes. Petite mention spéciale à l’excellent ovni expérimental et minimaliste du genre proposé par Kaatayra avec son album acoustique Inpariquipê.

2021 fut également pour moi l’occasion de renouer un peu avec la pop francophone grâce à l’excellent album Sérotonine de Joanna et le tout aussi bon Cœur de Clara Luciani, respectivement à la seconde et quatrième place de mon top 5 de l’année. Fleur bleue que je suis, écouter des bandes-son parlant d’amour fut précieux en ces temps où le Covid complexifie encore les nouvelles rencontres et amplifie la solitude de bon nombre d’entre nous.

Du côté du rap, la drill a confirmé cette année encore sa percée comme nouvelle tendance majeure. Mon troisième album préféré de l’année est ainsi Wild West de Central Cee, une des étoiles montantes de la scène anglaise. Premier album pour ce dernier, il s’impose comme un nom à surveiller dans les années à venir grâce à sa diversité de registres et instrus qui devraient, selon moi, lui faciliter l’accès au grand public. Toujours en drill, j’ai également beaucoup apprécié l’EP Redrum des russes de Broke Boy Fly. Le rap ne se limitant toutefois pas qu’à la drill, il me faut aussi vous recommander chaleureusement l’album Etoile Noire de Luv Resval, hybride entre la nouvelle génération et une approche old-school, ainsi que le somptueux Sometimes I Might Be Introvert de Little Simz, joyau de hip-hop jazzy à l’ancienne.

Enfin, à la dernière place de mon top 5 album de l’année, on retrouve le thrash bien agressif et old school de Bunker 66 avec leur album Beyond the Help of Prayers qui a énormément tourné chez moi, quasiment ex æquo avec Victims d’Insane. Bien plus crossover, Violent Reality des Suisses d’Excoriated fut également une très bonne découverte.

Tolol

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Se prendre une gifle est généralement peu agréable, sauf dans le BDSM et quand on parle d’art. Comme le cuir ne me tente pas des masses, restons sur le deuxième cas de figure.

Être bluffé par un disque dont on n’attendait pas grand-chose est un sentiment formidable. C’est ce qui s’est passé avec Hushed & Grim de Mastodon. Pourtant, vous pourriez être en droit de douter de cela, quand on connaît ma relation avec le quatuor d’Atlanta.

À l’annonce de ce huitième album, un double qui plus est, je me suis retenu de toute sur-hype et j’étais même un peu sur la défensive. 1h26, 15 pistes et des singles corrects, est-ce que le résultat final allait être une déception ?

Non. C’est même tout l’inverse. J’ai été transporté pendant tout le disque, hommage grandeur nature à leur ancien manager Nick John, malheureusement décédé. Entre suite logique d’Emperor Of Sand et nouvelles touches qui apportent énormément, ce disque est formidable. Mention toute particulière à Joao Nogueira (claviers/synthés) qui possède ses propres moments de grandeur. Qu’il s’agisse de passages au premier plan ou de tapis sonores bien sentis, l’ajout du Brésilien en guest est une idée brillante.

Impossible de ne pas parler de Gigantium, morceau de fermeture. Sa deuxième partie m’a littéralement arraché des larmes tant le mélange paroles/instrumentation est puissant, fort. Une énième masterclass de Brann Dailor au micro, s’affirmant comme un musicien de talent quoi qu’il fasse. On peut aussi parler de Troy Sanders dont l’influence des projets annexes (Killer Be Killed & Gone is Gone) se fait entendre par moments.

Le bilan était censé parler de mes autres coups de cœur de l’année, mais il me paraissait impensable de ne pas mettre la lumière sur le groupe qui m’a tant donné et qui continue de me surprendre album après album. Hushed & Grim est long, dense, mais principalement riche. Prenez le temps et donnez-lui une chance, vous ne le regretterez pas.

Coco

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Disons les choses tout de suite : à mes yeux, 2021 ne fut pas une année pleine de grosses surprises, pour ne pas dire moins enthousiasmante côté sorties musicales comparée aux précédentes années. Il n’empêche que certaines d'entre elles ont fait plus qu’attirer mon attention. Petite sélection de cette cuvée 2021, non exhaustive bien sûr.

Dès le début de l’année, mon choix du cœur s’est porté sur le second album des Nord-Irlandais de Bicep réussissant avec Isles à combiner leurs sons taillés pour les clubs avec une mélodicité et une profondeur encore plus marquée qu’auparavant. En résulte un disque séquencé de moments aussi bien planants que transcendants, lui donnant cet aspect hybride de "musique de club à écouter chez soi".

En termes de musique expérimentale, braindance et "IDM", notons le retour en force de µ-Ziq, producteur historique de cette scène britannique toujours aussi florissante. Si son album solo Scurlage montre tout ce que Mike Paradinas sait faire de mieux musicalement parlant, je vous conseille fortement sa collaboration avec Mrs Jynx (Secret Garden) qui revêt une ambiance plus intimiste et mélancolique, les deux artistes ayant voulu exorciser la perte récente d’un proche chacun de leur côté. Ajoutez à cela sa série d’EP Housewerks et l’album Boundary Road sortis sous l’alias Tusken Raiders et lorgnant plus vers la techno et l’electro, et vous aurez de quoi (re)découvrir cet artiste culte.

La plus grosse surprise de cette année, car il y en a quand même une, vient d’Allemagne et sonne majoritairement psychédélique. Avec CV Vision, attendez-vous à embarquer dans plusieurs trips : spatial avec Insolita (dont vous pouvez apercevoir la pochette ci-dessus), luxuriant avec Tropical et Elemente ou solaire avec The Beach. Entre bidouillages sonores, leftfield, "library music", krautrock et rock psychédélique des 60s/70s, les compositions de Dennis Schulze forment une capsule de dépressurisation bienvenue dans cette époque trouble.

Pour finir en beauté, vous pouvez compter sur un trio magique : le compositeur électronique britannique Floating Points, le saxophoniste américain Pharoah Sanders et le London Symphony Orchestra se sont associés pour offrir un moment de douceur et d’apaisement idoine avec Promises. Un album qui s’écoute de préférence à la tombée de la nuit, le temps d’une promenade en ville.

Retrouvez le bilan de l'équipe sous forme de playlist avec une sélection des morceaux qui nous ont marqués :